Michel et Reynders qualifient d’inacceptables les violences à Gaza

Le Premier ministre Charles Michel a condamné ce mardi la violence qui éclaté lundi à la limite de la bande de Gaza. L’armée israélienne a ouvert le feu sur des manifestants palestiniens, faisant 58 morts et quelque 2.000 blessés. Alors que l’ambassadrice d’Israël en Belgique, Simona Frankel, déclarait à la RTBF que les personnes tuées "étaient tous des terroristes", le ministre des Affaires Etrangères Didier Reynders a jugé disproportionné l’usage de la force à l’égard de civils. Michel et Reynders réclament une enquête indépendante des Nations Unies sur cette violence. Quant au Centre national de coopération au développement, il appelle le gouvernement belge et l’Union européenne à exiger d’Israël une levée immédiate du blocus imposé au territoire palestinien.

"Je condamne cette violence, qui est une violence totalement inacceptable », déclarait ce mardi le Premier ministre Charles Michel (photo). "J'aurai l'occasion ce soir de rencontrer le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres. Je vais plaider pour qu'il y ait une enquête internationale. Il ne peut pas y avoir d'impunité. Il y a des règles en droit international".

Charles Michel a rappelé que le gouvernement belge s'était distancié de la décision de déménager l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem et que lui-même avait condamné au parlement belge ce choix unilatéral des Etats-Unis. "Je ne peux que regretter cette situation absolument dramatique pour des familles qui sont en deuil. Des enfants qui ont été victimes également de ces événements", a déploré le Premier ministre.

"Les violences que l'on a vécues à Gaza sont inacceptables. D'une part, le Hamas était totalement inconscient en lançant autant de milliers de personnes vers la frontière quand on voit ce qui s'est passé au cours des dernières semaines et la tension qui était présente sur le terrain. D'autre part, c'est un usage disproportionné de la force qui a été utilisé à l'égard de civils" a déclaré de son côté, mardi matin, le ministre belge des Affaires Etrangères Didier Reynders (MR, photo).

Interrogé par nos collègues de la RTBF, le chef de la diplomatie belge a lui aussi plaidé pour l'ouverture d'une enquête au niveau des Nations-Unies pour examiner ce qui s'est passé sur le terrain. Didier Reynders a répété que la Belgique était opposée à un transfert d'ambassade vers Jérusalem. A ses yeux, il s'agit d'un acte unilatéral qui provoque des tensions, à l'image de ce qui s'est passé lundi.

Le ministre en a appelé à un usage proportionné de la force et au dialogue, "mais on sent qu'on s'en éloigne", a-t-il ajouté. Pour lui, il faut en revenir à une solution à deux Etats. "Mais on ne pourra pas aller vers un accord sans que les Etats-Unis ne soient autour de la table.... La position américaine devient de plus en plus unilatérale. Les Etats-Unis restent favorables à une solution à deux Etats, mais on s'en éloigne de plus en plus".

Frankel : "Les 55 morts étaient tous des terroristes"

Interviewée également par nos collègues de la RTBF, l’ambassadrice d’Israël en Belgique, Simona Frankel (photo), a déclaré : "Je regrette beaucoup pour chaque humain décédé, même si ce sont des terroristes, 55 terroristes qui viennent près de la barrière pour essayer de passer sur le territoire israélien". Au moins 58 Palestiniens, dont un bébé, ont été tués, en majorité par des tirs de snipers. Ce qui fait de lundi la journée la plus meurtrière du conflit israélo-palestinien depuis la guerre de l'été 2014 dans l'enclave palestinienne.

"Des gens qui prennent des enfants et des bébés pour se rendre à la barrière. Ce n'est pas une manifestation calme !", a lancé l'ambassadrice. "Il faut se rappeler que c'est le groupe terroriste Hamas qui a pris en otage la bande de Gaza, les Palestiniens qui y vivent et qui les envoie à la mort. C'est le Hamas qui est coupable de ces morts.(...) Nous, nous voulons protéger et défendre notre territoire et nos citoyens. Nous préférons avoir des critiques que des condoléances plus tard."

Simona Frankel a également réagi à la condamnation du ministre belge des Affaires Etrangères Didier Reynders, qui a dénoncé l'usage disproportionné de la force par l'armée israélienne. "Je ne comprends pas le mot 'disproportionné'. Est-ce que l'on doit attendre qu'il y ait 50 morts du côté israélien? Que doit-on entendre par disproportionné quand un groupe terroriste s'attaque à nos frontières?"

L’ambassadrice a également nié l'intérêt d'une médiation internationale pour régler le conflit israélo-palestinien. "Il faut un dialogue direct, mais il n'y a personne avec qui dialoguer", concluait Simona Frankel.

Le CNCD réclame une levée immédiate du blocus de Gaza

Le Centre national de coopération au développement (CNCD-11.11.11) appelle d'urgence le gouvernement belge et l'Union européenne à exiger d'Israël une levée immédiate du blocus qu'il impose illégalement au territoire palestinien. L'organisation estime également essentiel que le gouvernement israélien mette fin à l'usage illégal de la force létale contre des manifestants palestiniens.

Le nouvel afflux de blessés rend la situation humanitaire à Gaza insoutenable, submergeant les hôpitaux déjà dépourvus de médicaments, matériaux et personnel suffisants à cause du blocus, s'inquiètent les responsables du CNCD. "Il est urgent qu'Israël donne accès à la bande de Gaza au personnel, médicaments et matériel médical nécessaires et accorde des permis afin que les blessés les plus graves puissent être soignés en Cisjordanie", souligne la chargée Moyen-Orient au CNCD-11.11.11, Nathalie Janne d'Othée.

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