Le CD&V critiqué pour avoir placé un juif orthodoxe sur sa liste à Anvers

Selon le mensuel Joods Actueel, Aron Berger obtiendrait la 9ème place sur la liste CD&V lors des prochaines élections communales à Anvers. Aron Berger est un juif ultra-orthodoxe qui défend l'abattage rituel et qui refuse de serrer la main des autres femmes que son épouse. Cette décision suscite des critiques, y compris au sein du parti.

Le parti chrétien démocrate flamand n’a pour le moment ni confirmé ni démenti l’information selon laquelle Aron Berger figurerait à la 9ème place sur sa liste à Anvers.

Pourtant le rédacteur en chef du magazine Joods Actueel, Michael Freilich y voit une étape importante pour la politique et pour les juifs hassidiques.

"C’est la première fois dans l’histoire du pays qu’un juif hassidique participe aux élections. C’est quelque chose de positif car ces personnes font partie de la société belge. Ils travaillent ici, ils vivent ici, vont à l’école et payent leurs impôts ici. Ils peuvent donc aussi participer aux élections", ajoute Michael Freilich.

Ne pas serrer la main des femmes

Aron Berger, 42 ans, a indiqué à Joods Actueel faire partie d'une famille qui vit depuis quatre générations à Anvers. Dans sa communauté, il est connu pour son engagement comme bénévole au sein de l'organisme d'aide sociale "De Centrale". Il a également donné des cours d'intégration pendant plusieurs années.
"Nous sommes favorables à l’intégration mais pas à l’assimilation", a-t-il encore expliqué.

Lorsque le magazine Joods Actueel lui demande son point de vue sur l’abattage rituel, il répond : "Bien sûr que le respect des animaux est un principe très important pour notre religion. C’est même une obligation. Mais je reste convaincu que l’abattage rituel juif doit être autorisé. La liberté religieuse peut parfaitement aller de pair avec le respect des animaux" estime-t-il.

Joods Actueel a aussi demandé à Aron Berger s’il acceptait de serrer la main d’une femme. "En tant que juif ultra-orthodoxe, je respecte les règles de ma religion, dit-il. "J'expliquerai donc aux gens avec qui je suis en contact pourquoi je ne donne pas la main à une autre femme. Je suis heureux que CD&V fasse preuve de compréhension pour ma foi religieuse. Je pense que c'est le seul parti qui accepte cet argument. En tout cas, cela n'a rien à voir avec un manque de respect pour les femmes, au contraire, le mariage est sacré pour moi, tout comme le respect pour ma femme. C'est pourquoi je m'abstiens de tout contact physique avec d'autres femmes."

De son côté, Michael Freilich ne voit aucune contradiction avec le principe de l'égalité entre les hommes et femmes. "Aron Berger défend l'égalité entre les hommes et les femmes. Le fait qu'il ne serre pas la main des autres femmes est lié au contexte culturel de sa foi. Il croit que si vous êtes marié, votre propre femme est la seule que vous pouvez toucher".

"Ces règles s’appliquent aux juifs hassidiques eux-mêmes, ils ne vont pas les imposer aux autres", explique Michael Freich. "Si vous regardez la communauté juive aux États-Unis et au Royaume-Uni, les hommes ultra-orthodoxes participent à la politique depuis des décennies et cela n'a jamais causé de problèmes.

Selon Joods Actueel, la tête de liste du CD&V à Anvers, le ministre fédéral de l'Economie Kris Peeters, devrait présenter la candidature d’Aron Berger mercredi lors d’une conférence de presse.

Le CD&V critiqué

Celui qui ne veut pas serrer la main à une femme n'appartient pas à une liste @cdenv car c'est en contradiction avec les valeurs de base du parti", a toutefois tweeté le parlementaire CD&V Hendrik Bogaert.

"De préférence, il ne devrait pas y avoir sur une liste CD&V d'homme qui ne veuille pas serrer la main à une femme. Personnellement, ça me pose problème", a pour sa part indiqué la députée Els Van Hoof, mardi matin, sur les ondes de la VRT.

La présidente de l'Open VLD, Gwendolyn Rutten, a elle aussi réagi. "L'égalité entre homme et femme dépasse n'importe quelle croyance. Sans distinction. Nous avons lutté pour ça. Les hommes et les femmes, ici, travaillent ensemble, vivent ensemble, font du sport ensemble, prennent le bus ensemble et se serrent la main", a-t-elle déclaré.

"Il s'agit d'un recul pour le droit des femmes", a de son côté affirmé la secrétaire d'Etat à l'Egalité des chances, Zuhal Demir (N-VA). "Ce qu'il se passe à Anvers est un choix du CD&V anversois. Mais je ne serais pas satisfaite d'être dans un parti qui met ainsi en vitrine une inégalité entre les hommes et les femmes", a-t-elle assuré.

Enfin, la ministre fédérale du Budget, Sophie Wilmès (MR), a elle aussi profité de Twitter pour s'insurger. "Refuser de serrer la main à une femme, de s'assoir à côté d'elle dans un bus ou ailleurs sont des attitudes que l'on ne peut promouvoir ou accepter, sous aucun prétexte#électoralisme#çasuffit#genderequality#élections2018", a-t-elle écrit.

Reste que la tête de liste du CD&V à Anvers, Kris Peeters, n'a pas encore confirmé l'information, assurant qu'il donnera plus d'explications sur la formation de la liste mercredi lors d'une visite auprès d'institutions juives de la métropole. Mardi matin, il a cependant tweeté: "chaque candidat de la liste respecte l'égalité entre les hommes et les femmes".

Quant au président des chrétiens-démocrates flamands, Wouter Beke, il s'est abstenu de tout commentaire. Le parti, lui, a tweeté: "le respect et l'égalité entre les hommes et les femmes restent pour le CD&V des valeurs élémentaires. Aucune ambiguïté ne peut subsister sur ce point."

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