Les classes populaires aussi délaissent Bruxelles
D’après l’étude de Brussels Studies, quelque 39.124 habitants ont quitté Bruxelles en 2016 pour une des deux autres Régions du pays, alors que 24.381 résidents de Flandre ou de Wallonie sont venus s'installer dans la capitale.
"La croissance de la population bruxelloise, que l'on observe depuis de nombreuses années, est donc essentiellement le fruit du bilan positif des migrations internationales et des naissances issues d'une population en moyenne plus jeune que dans le reste du pays", souligne Sarah De Laet, auteure de l'étude et géographe à l'ULB.
Ce bilan migratoire de Bruxelles vers les autres Régions n'est pas un phénomène neuf. Les autorités bruxelloises s'inquiètent depuis des années de l'exode des classes moyennes (44% des départs), importants contributeurs potentiels à l'impôt des personnes physiques. Mais aujourd'hui "elles doivent aussi prendre en compte les processus de périurbanisation modeste", estime De Laet.
D'après ses estimations, 30% des personnes qui quittent la Région de Bruxelles-Capitale sont issues des classes populaires urbaines. Celles-ci font face à une double pression: sociale d'une part avec la déstructuration du modèle salarial, les pénuries d'emplois et l'insécurité économique, et spatiale d'autre part, notamment du fait de l'augmentation des coûts du logement en ville.
Ces ménages s'installent principalement dans les espaces périurbains de Bruxelles, avant tout dans sa périphérie nord, mais aussi dans d'anciennes localités industrielles de la périphérie proche, dans la vallée de la Dendre et celles de la Haine et de la Sambre. Certains déménagent également à Charleroi ou dans des communes ouvrières de la périphérie d'Anvers.