Une fille de 11 ans internée dans un centre psychiatrique pour adultes

Une fille, âgée de 11 ans, a été internée de force dans un centre psychiatrique pour adultes à Gand, faute de place dans des services de psychiatrie infanto-juvénile. "Je ne suis pas surpris que cela se produise, mais ce n'est pas monnaie courante" a déclaré le pédopsychiatre Eric Schoentjes à la VRT.

Les journaux De Standaard et Het Nieuwsblad révèlent qu’une fillette âgée de 11 ans a été colloquée au début de la semaine dans un centre psychiatrique pour adulte sur ordre du parquet d’Audenarde. La fillette ayant eu une sérieuse crise lundi, le psychiatre a estimé que son internement était la meilleure solution.

"L'hôpital où elle a été prise en charge dans un premier temps a passé plusieurs coups de fil afin de trouver une place dans un centre de psychiatrie infantile, mais sans résultat. Le parquet a donc requis l'internement forcé et le juge de la jeunesse l'a confirmé", indique la porte-parole du parquet de Audernarde, Eva Brantegem.

Selon la législation, les enfants de moins de 15 ans ne peuvent pas être admis en psychiatrie adulte. Seule une mesure d'internement forcé peut dès lors le permettre, car la décision judiciaire prévaut alors.

Dans le centre pour adultes en question, on déplore une telle situation. Le directeur général, Marc Jans, estime qu'un service pour adultes souffrant de sérieux problèmes psychiatriques n'est pas le meilleur endroit pour un enfant. "Mais nous devons respecter la décision du juge de la jeunesse".

"Le gouvernement a beaucoup investi dans les interventions ambulatoires mobiles"

"Ce n’est pas la solution la plus adéquate, tout le monde est d’accord. Mais dans une situation d’urgence, lors d’une crise, lorsque le mineur d’âge court un danger par des troubles psychologiques, émotionnels et/ou comportementaux il est important de pouvoir lui offrir la possibilité d’être protégé" a déclaré Eric Schoentjes, chef du département de pédopsychiatrie à l’UZ Gent, ce jeudi matin dans l’émission "De ochtend" (VRT).

"Ces dernières années, le gouvernement a beaucoup investi dans les possibilités d'intervention en situation de crise pour les soins de santé mentale destinés aux enfants et aux jeunes", ajoute Eric Schoentjes.

"Il s'agit avant tout d'interventions ambulatoires mobiles, où les enfants et les jeunes peuvent être aidés en situation de crise, à l'endroit où ils séjournent, à la maison ou en institution. Ils bénéficieront d'un soutien financier. Mais cela signifie que moins de moyens ont été consacrés aux centres de soins d'urgence en psychiatrie infantile".

Il y a trois ans, le gouvernement a demandé au secteur de la santé mentale des enfants et des adolescents de réserver une partie de leur capacité disponible pour les soins d'urgence.

"Cela représente environ 10% de la capacité disponible par province. Pour la Flandre orientale, cela signifie 7 lits de crise et ils sont presque continuellement occupés".

Un internement regrettable

La porte-parole ministre fédérale de la Santé, Maggie De Block (Open VLD), a estimé que l'internement forcé de cette fillette était très regrettable. "Nous faisons tout notre possible pour éviter ce genre de situations navrantes mais ça ne marche pas toujours".

Suite à la 6ème réforme de l’Etat en Belgique, les hôpitaux psychiatriques restent fédéraux, par contre, les maisons de soins psychiatriques et les habitations protégées sont communautarisées.

Le Commissariat aux Droits de l'Enfant de la Communauté flamande s'est pour sa part dit "profondément outré", qualifiant cet internement d'"inacceptable et de "déni du droit à des soins appropriés et à la sécurité". "Nous suivons cette affaire de près", a ajouté l'institution sur sa page Facebook.

"La Justice n'avait aucune alternative", a justifié Christian Denoyelle, président de la commission d'avis et d'enquête néerlandophone du Conseil supérieur de la Justice (CSJ).

"Je suis convaincu que personne n'est heureux de cette situation. Mais le magistrat de la jeunesse n'avait pas beaucoup d'autres options. Dans certaines situations de crise, il n'est pas toujours possible de trouver une solution appropriée. J'espère que nous examinerons ce cas afin d'essayer à l'avenir de proposer de meilleures solutions."
 

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