La Commission européenne convoquera une réunion de crise

Le commissaire européen à la Santé, Vytenis Andriukaitis, a annoncé ce vendredi que la Commission européenne convoquera les pays de l’Union touchés par le scandale des œufs contaminés à l’insecticide fipronil dès que l’ensemble des faits seront établis. Les représentants des agences nationales de sécurité alimentaire y seront aussi conviés. Quinze pays sont actuellement déjà affectés par la contamination.

"J'ai proposé de tenir une réunion de haut niveau rassemblant les ministres concernés, ainsi que les représentants des agences de sécurité alimentaire dans tous les États membres impliqués, dès que l'ensemble des faits sera à notre disposition", a indiqué le commissaire européen Andriukaitis dans un message écrit, précisant en avoir déjà discuté avec les ministres allemand, belge et néerlandais.

Quinze pays sont déjà affectés par cette contamination de millions d'œufs dans l'Union européenne, a indiqué la Commission européenne ce vendredi matin. La Belgique et les Pays-Bas, où la contamination s'est produite, sont mobilisés pour en trouver les responsables: les enquêtes menées dans ces deux pays se sont accélérées jeudi, menant à l'arrestation de deux dirigeants d'une entreprise néerlandaise qui a vraisemblablement appliqué le produit dans des poulaillers, lors d'un traitement contre le pou rouge.

"Nous devons examiner en détail ce qui s'est passé. Nous avons besoin d'une analyse complète de ce cas. Nous avons besoin que nos experts identifient où les problèmes ont pu surgir pour que nous soyons capables de nous asseoir et de discuter de solutions et de la marche à poursuivre", a expliqué le commissaire.

Des tensions entre États membres

Le ministre belge de l'Agriculture Denis Ducarme (photo) a accusé les Pays-Bas de ne pas avoir prévenu ses voisins après avoir été alerté, dès novembre 2016, d'une possible utilisation frauduleuse de fipronil dans la désinfection de poulaillers, alors que l'insecticide est strictement interdit pour les animaux destinés à la consommation.

La Haye a réfuté toute accusation de négligence, assurant qu'il n'y avait "aucune indication d'un risque aigu pour la sécurité alimentaire" au moment de cette dénonciation anonyme. La France et l'Allemagne se sont également montrés critiques de la gestion de l'affaire par leurs voisins.

"Nous avons un bon système, et indéniablement les standards alimentaires les plus élevés dans le monde. Nous devons travailler ensemble pour tirer les leçons nécessaires et avancer plutôt que perdre de l'énergie à désigner des coupables", a estimé Vytenis Andriukaitis.

Le commissaire a précisé avoir demandé, outre les mesures prises dans l'urgence par les États membres pour retirer les lots contaminés, que ceux-ci restent "vigilants" pour s'assurer que des produits interdits ne soient pas utilisés dans le traitement du pou rouge au sein des élevages de poules pondeuses.

Du fipronil chez des particuliers via des vétérinaires

L'insecticide fipronil a pu se retrouver chez des particuliers qui détiennent des volailles via des vétérinaires, indique le quotidien Gazet Van Antwerpen ce vendredi, sur base de témoignages de vétérinaires qui ont fait l'objet d'une perquisition jeudi.

La substance se serait retrouvée dans le traitement anti-poux Bytecontrol, qui est pourtant un produit biologique, selon la notice. Le parquet d'Anvers n'a pas fait de commentaires vendredi sur ces nouveaux développements, renvoyant à sa communication de la veille.

Du Bytecontrol a également été vendu par Poultry-Vision, l'entreprise de Ravels (province d'Anvers) pointée du doigt en Belgique dans ce dossier. "Le produit est si efficace qu'il est presque certain qu'il contient du fipronil", témoigne un vétérinaire dans la Gazet Van Antwerpen. Les enquêteurs ont saisi notamment jeudi une facture et une bouteille de Bytecontrol. Un particulier ayant acheté le produit n'est, lui, plus autorisé à rentrer ses poules dans le poulailler traité durant plusieurs mois.

Onze perquisitions ont été menées en Belgique jeudi. Elles auraient eu lieu à Arendonk, Ravels, Kasterlee, Destelbergen, Heusden, Lommel, Meeuwen-Neerpelt, Torhout et Hamois. D'autres ont été opérées aux Pays-Bas, où deux administrateurs de l'entreprise néerlandaise Chickfriend ont été interpellés.

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