Forte baisse des demandes d'asile en Belgique entre 2015 et 2016

L’an dernier, 14.670 personnes ont déposé une première demande d'asile en Belgique, soit une diminution de 63% par rapport à 2015, année où le nombre de demandes de protection avait connu un pic important (39.064), sans toutefois battre le record établi en 2000 (46.855), ressort-il du rapport annuel du Centre fédéral Migration (Myria), publié jeudi.

Ces chiffres en chute libre sont la conséquence directe de la décision européenne de fermer la route des Balkans et de l'accord conclu avec la Turquie sur la relocalisation des réfugiés, en mars 2016.

En Belgique, les Syriens (2.610), les Afghans (2.225) et les Irakiens (760) étaient toujours les trois premières nationalités d'origine des demandeurs d'asile en 2016, mais leur nombre a fortement diminué, surtout parmi les Irakiens dont le nombre de demandes de protection a été divisé par 12,1 entre 2015 et 2016. Suivent les Somaliens (725), les Guinéens (720) et - fait inhabituel - les Turcs, dont le nombre de demandes (650) a augmenté depuis le coup d'Etat avorté du 15 juillet en Turquie, souligne Myria.

Si dans l'ensemble, les demandeurs d'asile sont plus souvent des hommes (63%), les proportions varient selon les nationalités d'origine.

Ainsi, les flux d'asile en provenance d'Afghanistan sont très masculins (86% d'hommes, contre 14% de femmes), alors que ces proportions sont plus équilibrées en ce qui concerne les Irakiens (59% d'hommes, 41% de femmes) et les Syriens (52% d'hommes, 48% de femmes). Environ un tiers sont mineurs d'âge.
L'an dernier, toujours, le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA) a pris un total de 22.205 décisions (correspondant à 27.977 personnes). Jamais auparavant il n'avait pris autant de décisions.

Une protection internationale a été accordée dans plus de 60% des cas. "Ces chiffres reflètent les besoins de protection grandissants pour les demandeurs d'asile en Belgique, dont un grand nombre sont issus de régions en conflit", affirme le directeur du Centre, François De Smet.

A l'échelle européenne, plus d'1,2 million de personnes ont sollicité la protection des autorités dans l'un des 28 Etats membres de l'UE. C'est environ 50.000 de moins qu'en 2015, même si les demandes restaient élevées en Allemagne, en Italie, en France et en Grèce, d'après Eurostat. Quelque 680.000 personnes ont bénéficié d'une protection la même année.

L'UE mise cependant sur une approche externe des flux migratoires. L'accord intervenu avec la Turquie en la matière prévoit ainsi que tous les réfugiés arrivés sur les côtes grecques soient renvoyés en Turquie automatiquement, et que l'UE achemine, pour chaque demandeur d'asile renvoyé en Turquie, un réfugié syrien attendant dans un camp en Turquie.

En Grèce, "les personnes en attente d'un éventuel retour vers la Turquie (si elles sont en séjour irrégulier ou si leur demande d'asile est déclarée irrecevable ou non fondée) vivent de façon précaire dans des camps surpeuplés, où de graves violations des droits fondamentaux ont été constatées", déplore Myria.

A cet égard, le Centre fédéral Migration recommande la mise en place d'un monitoring indépendant du respect des droits fondamentaux en Grèce, mais aussi en Turquie, et plaide pour renforcer les efforts de relocalisation en respectant l'intégralité du quota prévu.

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