Le combattant Elouassaki jugé coupable de meurtre en Syrie

L’ancien membre (photo) du groupe djihadiste Sharia4Belgium, entretemps démantelé, qui avait quitté Vilvorde pour aller combattre, a été reconnu coupable ce lundi par le tribunal correctionnel d’Anvers d’un meurtre terroriste en Syrie. Il écope de 28 ans de prison. Cinq autres combattants en Syrie venus de Vilvorde ou Anvers ont été acquittés, par manque de preuves.

Hakim Elouassaki était membre du groupe djihadiste salafiste Sharia4Belgium (photo archives), fondé en mars 2010 et dissout en octobre 2012, dirigé par Fouad Belkacem. Le 14 janvier 2013, il confiait depuis la Syrie à sa petite amie restée à Vilvorde (Brabant flamand) qu’il avait "tué quelqu’un" ce jour-là. Selon ses dires, il s’agissait d’un chiite d’une quarantaine d’années, dont la famille ne pouvait payer les 70.000 euros exigés en rançon par ses ravisseurs.

Le jeune qui avait quitté Vilvorde pour rejoindre un groupe djihadiste en Syrie ignorait que son téléphone avait été mis sous écoute. Ses confidences avaient donc été entendues par des enquêteurs. Pendant le procès au tribunal correctionnel d’Anvers, Elouassaki a finalement avoué les faits, avant de se rétracter à nouveau.

Le jeune homme est rentré de Syrie en Belgique à cause de lourdes blessures d’éclats de grenade à la tête. Il était seul sur le banc des prévenus à Anvers, mais le tribunal rendait aussi, par défaut, un jugement à l’encontre de cinq autres anciens membres de Sharia4Belgium. Ces cinq jeunes de Vilvorde ou d’Anvers seraient toujours en Syrie. Trois y seraient morts. Ils ont été condamnés par défaut au procès Sharia4Belgium il y a deux ans.

Pas la peine maximale

Hakim Elouassaki écopait finalement ce lundi matin d’une peine d’emprisonnement de 28 ans - ce qui est un peu moins que la peine maximale de 30 ans. C’est la toute première condamnation en Belgique d’un meurtre terroriste commis en Syrie.

"Cette condamnation est étonnante parce qu’elle repose sur très peu de preuves matérielles", commentait la journaliste de la VRT Liesbeth Indeherberge. "On n’a pas retrouvé de corps, pas d’ADN, même pas le nom de la victime, mais dans le droit pénal on peut utiliser tout type de preuve. Les conversations téléphoniques pendant lesquelles le suspect se vante du meurtre qu’il a commis ont été décisives. Le juge affirme qu’il est prouvé que le jeune homme a tiré par deux fois à petite distance de la victime et qu’il a tenté de tout filmer. C’était donc prémédité. C’est un acte inhumain, a estimé le juge, et c’est la raison pour laquelle le condamné écope de 28 ans de prison".

Les cinq autres combattants en Syrie ont par contre été acquittés par le tribunal correctionnel d’Anvers. Ils avaient été liés à la vidéo d’une décapitation, mais le tribunal a vu trop peu de preuves pour les condamner.

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