La Sûreté de l'Etat invite les ministres à la réserve dans la vente des actions d’Eandis

Une lettre, émanant de la Sûreté de l'Etat, adressée à plusieurs ministres flamands, les met en garde contre les risques de la vente d’actions d’Eandis à la société d’Etat chinoise State Grid. Les auteurs de la lettre mettent en avant les liens ténus entre State Grid et les autorités chinoises, le Parti communiste et l’armée chinoise.

La société Eandis déclare ce mardi matin conserver toute sa confiance en la société chinoise State Grid.

Pour la société Eandis, la vente de 14% de son capital ne peut pas permettre une ingérence du gouvernement chinois dans la distribution de l'énergie en Flandre. Eandis ajoute qu'elle utilise une technologie qui est accessible librement à tout le monde. Eandis déclare enfin ne pas être informée d'un risque possible pour la sécurité.

La Sûreté de l'État confirme une note sur la protection du potentiel économique

La Sûreté de l'État a confirmé mardi avoir envoyé à plusieurs destinataires une note portant sur le dossier Eandis, dans le cadre de sa mission de sauvegarde du potentiel économique et scientifique.

Le service civil de renseignement et de sécurité du pays ne souhaite toutefois pas évoquer le contenu de cette note, qui portait la mention "diffusion restreinte", ni confirmer s'il s'agit bien du courrier anonyme qui a fuité dans les médias lundi soir.

Ce courrier envoyé à plusieurs ministres flamands concerne l'entrée annoncée de l'entreprise d'État chinoise State Grid dans le capital d'Eandis, l'intercommunale de distribution de gaz et d'électricité qui dessert 80% des communes flamandes.

La société Eandis se partage avec Infrax le rôle de gestionnaire du réseau de distribution d’électricité et de gaz naturel en Flandre.

L'annonce de cette prise de participation a eu lieu fin juin. Elle doit être validée par les actionnaires d'Eandis (essentiellement les communes et provinces flamandes) lundi prochain, lors d'une assemblée générale extraordinaire, dans la foulée de la fusion des sept intercommunales d'Eandis et de leurs réseaux de distribution, pour constituer Eandis Assets.
 

Via la société d’Etat State Grid, les Chinois auraient en mains 14% des actions d’Eandis, cela permettrait aussi une injection de capital de 830 millions d’euros.

Ce lundi soir, certaines villes et communes flamandes propriétaires d’Eandis se sont déjà prononcées sur ce dossier.

Au conseil communal d’Anvers, l’accord a été approuvé de justesse, à noter que l’ancienne ministre flamande de l’Energie Annemie Turtelboom (Open VLD) a voté contre.

Il faut dire que ce futur contrat ne plait pas à tout le monde en Flandre, ainsi le ministre flamand de l’Energie Bart Tommelein (Open VLD) qui est aussi conseillé communal à Ostende initialement favorable à l'accord a changé d'avis.

"Beaucoup de gens ne comprennent pas que nous vendions partiellement à un investisseur étranger quelque chose d'aussi stratégique que notre réseau de distribution." Le ministre dit aussi craindre pour la protection des données privées.

Des critiques qui ont provoqué la réaction du patron d’Eandis Piet Buyse, qui a estimé que Bart Tommelein (photo) effectuait un virage à 180° puisque un accord avait été conclu auparavant avec les partis de la majorité dont l’Open VLD.

Lundi le ministre président flamand Geert Bourgeois (N-VA) a estimé que l’avis de Bart Tommelein sur l’accord entre Eandis et les Chinois ne reflétait pas l’ensemble de l’opinion du gouvernement flamand.

Pour Geert Bourgeois ce n’était pas au ministre de l’Energie de prendre position sur ce dossier, seule la ministre flamande des Affaires intérieures Liesbeth Homans (N-VA) pourrait vérifier si la législation est bien respectée mais il s’agit avant tout de l’autonomie des villes et communes flamandes.

Enfin, le parlementaire flamand de Groen Wouter Van Besien et chef de file des Verts au conseil communal d’Anvers a estimé que le gouvernement flamand devait permettre l'ouverture d'un débat sur le dossier Eandis.
 

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