Les médecins veulent être mieux protégés contre les agressions

Les médecins généralistes demandent une nouvelle fois une plus grande protection contre le agressions. Le Conseil de l'Ordre des médecins envisage une liste noire des patients violents afin de leur refuser l'accès aux cabinets médicaux. Le Syndicat des médecins généralistes flamands demande, de son côté, de pouvoir avoir accès aux banques de données de la police. Le ministre de la Justice Koen Geens est favorable à cette proposition mais ajoute que le partage du secret professionnel est une matière très délicate.
Cedric Hatto

Si en général les visites de médecins à domicile se déroulent sans problèmes parfois cela se passe très mal. L’an dernier un médecin généraliste avait été assassiné à Izegem en Flandre occidentale et jeudi dernier un médecin a été poignardé dans son cabinet médical à Forest, en région bruxelloise. Une enquête a été ouverte du chef d'assassinat.

A la suite des faits, l'Association belge des syndicats médicaux (Absym) réclame dans un communiqué vendredi des mesures de sécurité adéquates pour les généralistes. "Les autorités fédérales, communautaires et locales doivent unir leurs forces dans le but d'élaborer un plan d'action cohérent."déclare l’Absym.

De son côté, le Conseil de l'Ordre des médecins veut dresser une "liste noire" de patients violents afin de leur refuser l'accès aux cabinets médicaux. "Il n'est pas question de priver qui que ce soit de soins légitimes, mais de le faire dans des conditions renforcées de sécurité si on s'aperçoit que ce patient est connu pour violences", a expliqué Benoît Dejemeppe, le président de l'Ordre au quotidien Le Soir.

Une telle liste noire pourrait être une solution mais l’association flamande de généralistes Domus Medica craint que cela ne soit pas si simple. "Des objections peuvent être formulées en ce qui concerne le respect de la vie privée. Qui va gérer cette liste ? Quels sont les critères pour y figurer ou pour ne plus y figurer ? Nous devons être très prudents. Cela pourrait entraîner une très longue discussion et détourner l’attention sur les mesures qui pourraient être prises rapidement en vue d’améliorer la sécurité des médecins" explique Roel van Giel de Domus Medica.

L’association demande des mesures plus concrètes comme l’augmentation des postes de garde ou la présence d’un chauffeur pour les médecins pendant leurs tournées de nuit. "On nous a promis beaucoup de choses depuis trop longtemps mais rien n’est encore venu" ajoute Van Giel.

Le Syndicat des Médecins Généralistes Flamands (SVH) - qui représente plusieurs centaines de médecins – demande à ce que le secret professionnel soit en partie partagé entre médecins et services de police. Les médecins pourraient ainsi bénéficier d’informations sur des patients qu’ils ne connaissent pas encore. En échange, les policiers pourraient, en cas d’urgence, obtenir des informations de la part des médecins sur des patients qui font usage de violence. "Les médecins veulent pouvoir obtenir une information claire sur le statut criminel des patients. Les ministres compétents doivent à présent rapidement mettre cela en œuvre" estime le Dr Rufij Baeke du SVH.

Secret professionnel partagé

Le ministre de la Justice Koen Geens (CD&V) examine aussi bien le projet de "liste noire" que celui de "secret professionnel partagé".

"J’ai déjà discuté de cela avec une délégation de médecins et mes collègues Jan Jambon (N-VA) et Maggie De Block (Open VLD) ont aussi été sollicités. Le partage du secret professionnel est une matière très délicate que nous devons régler par des textes législatifs, mais je suis favorable au principe. Lorsque des policiers et des médecins peuvent s’entraider cela peut éviter beaucoup de souffrances" déclare Koen Geens.

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