Le Conseil de l’Europe préoccupé par la situation carcérale

Le commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, Nils Muiznieks, appelle la Belgique à trouver d’urgence une solution à la grève des gardiens de prisons wallonnes et bruxelloises - qui dure depuis bientôt un mois -, qui respecte les droits humains des détenus. Il s’appuie notamment sur l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’Homme, interdisant tout traitement dégradant dans les prisons européennes.

"Je suis extrêmement préoccupé par la situation dans un certain nombre de prisons en Belgique, où les conditions de vie des détenus se sont rapidement détériorées à la suite d'une grève entamée par les gardiens pénitentiaires", a déclaré Nils Muiznieks (photo), appelant la Belgique à trouver rapidement une solution au problème.

"Dans les cas les plus sérieux, des détenus n'ont pas été autorisés à quitter leur cellule depuis plusieurs semaines, n'ont pas accès à leurs avocats, pas reçu de visites de leur famille et pas été en mesure d'avoir accès aux services de santé", déplore le commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, qui pointe également les mauvaises conditions sanitaires dans plusieurs établissements pénitentiaires, en raison d'un manque d'accès réguliers au salles de douche et de bain.

Nils Muiznieks rappelle que l'article 3 de la Convention européenne des droits de l'Homme interdit les traitements inhumains ou dégradants dans les prisons européennes, tout en fixant des balises claires en matière d'hygiène, de conseils légaux, de contacts avec l'extérieur ou encore de récréation pour les détenus.

Pas d’accord entre syndicats et ministre de la Justice

Entretemps, la huitième rencontre entre le ministre de la Justice, Koen Geens (photo), et les syndicats des agents pénitentiaires n’a pas permis de trouver un accord jeudi soir. Vers 23h, après près de cinq heures de négociation au cabinet du ministre, les discussions ont pris fin. Elles reprendront ce vendredi à 16h. La grève dans les prisons continue.

"Nous avons bien avancé", a déclaré le ministre de la Justice. "Mais ce n'est pas facile. Il y a une asymétrie, deux syndicats du nord du pays ont déjà consulté leurs bases et ont obtenu un résultat positif". Les autres syndicats n'ont eu pas encore fait ce pas.

Le ministre Koen Geens (photo) a également répondu aux critiques sur l'investissement du gouvernement fédéral. "Je suis pleinement soutenu par le gouvernement. Il ne peut pas y avoir d'hésitation là-dessus", a-t-il affirmé. "Cela arrive peu souvent que le Premier ministre soit si proche des négociations". La question des prisons n’était cependant pas abordée lors du conseil des ministres restreint prévu vendredi.

Les négociations avaient pourtant permis d'avancer mercredi soir. Le ministre aurait proposé de recruter 75 agents en plus des 405 déjà évoqués dans le protocole d'accord proposé il y a deux semaines et la possibilité pour chaque prison d'adapter son plan de rationalisation. Les propositions se rapprocheraient donc des revendications des syndicalistes francophones qui exigent un retour au cadre de personnel de 2014 et l'arrêt de la rationalisation. "Et ce, jusqu'à la fin de la législature. Ce serait dramatique d'obtenir un gel des économies pour 2016 et que les problèmes recommencent par après".

Cependant, les positions restent difficiles à rapprocher après plus de trois semaines de grève dans les prisons francophones du pays. Les néerlandophones ont, eux, d'autres revendications. Gino Hoppe, syndicaliste socialiste flamand avait affirmé à son arrivé au SPF Justice qu'il refusait de revenir à la situation de 2014.

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