Un détenu porte plainte contre Geens pour violation des droits de l’homme

Un suspect en détention provisoire à la prison de Forest a introduit, mercredi, une requête unilatérale auprès du président du tribunal de première instance de Bruxelles afin d'obtenir la fin du "traitement inhumain auquel il est exposé" dans la prison bruxelloise, a indiqué son avocat Me Alexander Hamels. Le détenu exige une astreinte de 1.500 euros par jour et par infraction. Cette plainte intervient alors que l'Etat belge a été condamné mardi par le tribunal de première instance de Nivelles à prendre des mesures pour rétablir un régime de détention conforme à la dignité humaine dans les prisons de Nivelles et d'Ittre.

"Il est de la tâche des autorités belges de faire en sorte que les droits fondamentaux de ses ressortissants soient respectés. La situation dans la prison de Forest est indigne d'un État de droit et est pour le moins explosive. La question n'est pas de savoir si un incident grave pourrait se produire mais bien quand il surviendra", a déclaré l'avocat du détenu mécontent, Me Alexander Hamels.

La requête est adressée à l'Etat belge (représenté par le ministre de la Justice Koen Geens) ainsi qu'à la police fédérale (représentée par la commissiaire-générale Catherine De Bolle), à la direction de la prison de Forest avec à sa tête Vincent Spronck et à des inconnus (comprenez les grévistes, dirigeants syndicaux et le personnel pénitentiaire qui traitent les détenus de manière inhumaine).

Pas une première

La prison de Forest, construite en 1910, est régulièrement la cible de critiques des défenseurs des droits de l'homme. Plusieurs rapports d'organisations internationales, comme l'ONU, le Conseil de l'Europe et Amnesty International, dénoncent régulièrement la situation déplorable au sein de l'établissement.

Mercredi, en réaction au mouvement de grève en cours depuis huit jours dans les prisons à Bruxelles et dans le sud du pays, le Médiateur fédéral a appelé à prendre des "mesures urgentes pour que les conditions minimales de détention soient appliquées".

Dans son rapport 2015, le Médiateur fédéral avait déjà recommandé de prendre "les mesures générales et réglementaires permettant d'assumer la protection des droits et des besoins fondamentaux des détenus et la sécurité publique en temps de grève dans le secteur pénitentiaire".

En octobre 2015, après une mission d'un jour au sein de la prison de Forest (alors déjà en proie à une grève des agents pénitentiaires), les services du médiateur fédéral avaient décrit la situation dans l'établissement comme apocalyptique: "les détenus crient famine, les cellules sont pleines de seaux hygiéniques remplis à ras bord de matière fécales, les soins ne sont plus donnés, le vacarme est tel que les détenus hurlant depuis l'aile psychiatrique ne peuvent plus être entendus."

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