Des agriculteurs belges inquiets descendent dans les rues

Le mouvement de protestation des producteurs laitiers et porcins contre la faiblesse des prix a débuté mercredi soir en Wallonie et se poursuit ce jeudi, notamment dans le Hainaut et le pays de Herve, mais aussi en Flandres orientale et occidentale. Les manifestants bloquent avant tout des entrées et sorties d’autoroutes, laissant passer les véhicules au compte-gouttes après leur avoir expliqué la gravité de leur situation. L’impact de ces actions serait relativement limité sur le terrain.

A l’instar de leurs collègues français ces dernières semaines, les agriculteurs belges manifestent depuis mercredi soir en divers endroits pour protester contre les prix trop faibles qu’ils obtiennent pour leur viande de porc ou leur lait. Ils sont souvent obligés de vendre à perte leurs produits.

En Flandre, les actions de protestation sont soutenues par l’Algemeen Boerensyndicaat (ABS). Le plus grand syndicat d’agriculteurs Boerenbond ne prend pas part aux manifestations.

Actions en Flandre

Des agriculteurs mécontents mènent une action de blocage depuis ce jeudi matin à Saint-Nicolas, en Flandre orientale. Une vingtaine de tracteurs se sont immobilisés dès 9h30 aux échangeurs de l'autoroute E17. Deux sorties ont été fermées à Saint-Nicolas centre et Tamise. Les perturbations restent toutefois limitées.

Une autre action a démarré à Eke, dans la commune de Nazareth (Flandre orientale), près de l’E17. Dès 14h, ce sont les entrée et sortie de l’E40 à Alost qui devraient être bloquées par les agriculteurs en colère.

En Flandre occidentale, des actions ont été annoncées dès midi au Boyau de la Mort à Dixmude, au Ring nord d’Ypres et à Lichtervelde, où passe l’E403. Dans le Limbourg, des actions ont débuté vers 10h à Genk. Et à Anvers, un blocage était prévu à l’entrée et la sortie de l’E19 à hauteur de Kontich. Il s’agit de barrages filtrants, qui permettent aux véhicules de passer au compte-gouttes.

Les éleveurs dénoncent des prix trop bas pour couvrir leurs frais de production et pointent notamment du doigt la grande distribution et singulièrement les "hard discounters" qui font du lait un produit d'appel. En moyenne, les producteurs laitiers wallons ne perçoivent plus qu'environ 25 centimes le litre.

Du côté du syndicat flamand ABS, on avance des prix de l'ordre d'1,1 euro le kilo de porc payé aux éleveurs, alors que le prix de revient s'élève à minium 1,35 euro du kilo. Une situation qui dure depuis des mois, déplorent les éleveurs.

Blocages en Wallonie

Dans le Hainaut, des éleveurs laitiers et porcins bloquent depuis mercredi soir, à l'initiative notamment de la Fédération Unie de Groupements d'Éleveurs et d'Agriculteurs (Fugea) et avec l'aide d'une trentaine de tracteurs, les centres de distribution du groupe Colruyt à Ollignies (Lessines) et Ghislenghien. Aucun camion Colruyt n'a pu rejoindre les deux dépôts.

Une délégation des agriculteurs a pu rencontrer la direction de Colruyt sur le site d'Ollignies mais cette réunion n'a rien donné. "Ils sont conscients du problème, mais ils ne peuvent pas faire plus car ils n'ont pas beaucoup de marge. C'est le message qui nous a été transmis", expliquait la porte-parole de la Fugea, Gwenaëlle Martin.

Deux autres actions coordonnées étaient prévues par la Fugea et le groupe de producteurs laitiers MIG ce jeudi dans la matinée, à la fois dans le Hainaut et à Battice, dans le pays de Herve.

En outre, des agriculteurs en colère devraient partir jeudi après-midi vers Erpe-Mere (Flandre orientale) et Courcelles, près de Charleroi, pour bloquer les centres de distribution des magasins Aldi et Lidl. "La détermination est là. Et elle est encore plus forte qu'en 2009", déclarait le président de la Fugea, Philippe Duvivier. En 2009, une précédente crise du lait avait été marquée par de nombreux coups de colère de producteurs, comme l'épandage de trois millions de litres de lait dans un champ près de Ciney.

Nicolas Maeterlinck

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