Uber remplacera-t-il bientôt des bus De Lijn?

Dans un papier d’opinion publié par le quotidien De Morgen, plusieurs députés CD&V proposent de laisser le service de covoiturage urbain Uber prendre la place de certains bus De Lijn, "car Uber est plus efficace que les busphone". Une proposition allant dans ce sens a été déposée fin mars par des députés de la majorité flamande.

Les busphone sont des minibus De Lijn qui permettent aux personnes qui vivent dans des zones peu peuplées de Flandre de tout de même bénéficier des transports en commun. Ces bus roulent uniquement sur demande. Ils n’ont pas d’itinéraire ou d’horaires fixes, et s’arrêtent seulement aux arrêts De Lijn après une demande explicite et préalable à la centrale busphone. Les tarifs et les titres de transport de De Lijn sont également valables pour ce service.

Aux yeux de certains députés CD&V, De Lijn devrait toutefois faire place à Uber. "Parallèlement aux transports en commun traditionnels, nous croyons que d’autres moyens de transports et plateformes joueront à l’avenir un rôle complémentaire important", explique Dirk de Kort dans De Morgen.

Selon lui, Uber peut venir renforcer De Lijn. L’idée est soutenue par d’autres parlementaires démocrates chrétiens tels que Karin Brouwers, Lode Ceyssens et Caroline Bastiaens. Pour eux, cela permettrait à certains bus De Lijn d’être remplacés par le service de covoiturage, notamment dans les lieux peu peuplés. Ce remplacement serait "efficace", estiment-ils encore.

Actuellement, les services Uber couvrent principalement la capitale, au grand dam des chauffeurs de taxi qui dénoncent un dumping social et une concurrence déloyale.

Dans le cadre d’un tel remplacement en Flandre, les députés CD&V veulent imposer à Uber un "cadre légal minimum", qui impliquerait notamment la garantie de la sécurité des passagers, une couverture des conducteurs via une assurance, et le paiement d’impôts par la société de covoiturage.

D'après la députée N-VA Annick De Ridder, l'idée avancée par les chrétiens démocrates dans De Morgen n'est pas tombée du ciel. Fin mars, une proposition a été déposée au Parlement flamand par plusieurs députés de la majorité (N-VA, CD&V, Open VLD). Le texte a pour objectif d'"offrir une chance aux nouveaux acteurs d'intégrer le secteur de la mobilité en Flandre". Il sera débattu au sein de la commission Mobilité du Parlement flamand jeudi prochain. 

Réactions mitigées

Le SP.A s’est d’ores et déjà prononcé contre la proposition. "Un service de taxi qualitatif et innovateur a certainement un rôle à jouer dans notre système de mobilité, mais il ne pourra pas remplacer les transports publics réguliers", estime le député Joris Vandenbroucke (photo).

"La proposition du CD&V est avancée pour des motifs d’économie et ne tient pas en compte la nécessité d’un transport public abordable et accessible auquel 1 famille flamande sur 6 sans voiture est dépendante, même en dehors des villes", dénonce encore le parlementaire socialiste flamand.

De son côté, Roger Kesteloot, directeur-général de De Lijn, a positivement réagi à la proposition du CD&V. "Je suis convaincu que les services de taxis collectifs seraient un bon complément à notre offre. Nous ne devons pas nous faire d’illusions : les systèmes peer-to-peer (pair à pair) vont continuer à émerger", souligne-t-il.

Jasper Jacobs

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