Importante mission économique belge à Doha et Abou Dhabi

Quelque 450 entrepreneurs et décideurs de Belgique ont débarqué ce week-end à Doha pour une imposante mission économique qui les emmène au Qatar et aux Emirats arabes unis, la plus courue à ce jour, sous la présidence de la princesse Astrid entourée d'une délégation ministérielle record: jusqu'à sept ministres et secrétaires d'Etat sont attendus mercredi à Abou Dhabi (Emirats arabes unis).

Cette affluence traduit l'intérêt économique et politique pour le Qatar, dont le bond en avant ces dernières décennies est toutefois terni par les conditions de travail des ouvriers immigrés sur les grands chantiers de construction, notamment ceux des stades de football en prévision de la Coupe du monde de 2022.

A cela s'ajoutent les soupçons de corruption - entre autres dans l'attribution de ce Mondial - ou encore ceux de financement du terrorisme via des flux privés.

"Les dirigeants qataris sont bien conscients de ce déficit d'image et ont entamé des réformes qu'il faut saluer et encourager, car davantage est encore requis", commente Christophe Payot, ambassadeur de Belgique à Doha.

Il voit les contacts avec les entrepreneurs et dirigeants occidentaux comme une opportunité pour améliorer les conditions de travail des ouvriers, et relève les différences de traitement selon le pays investisseur.

"Il ne faut pas tout assimiler, les contacts sur place donnent une image qui colle mieux à la réalité", souligne-t-il, alors que les constructeurs belges comme Besix ou Deme (via Medco) assurent garantir de bonnes conditions de travail sur leurs chantiers.

Depuis plusieurs mois et notamment la publication d'un dossier du quotidien britannique The Guardian en septembre 2013, le thème des conditions de travail sur les chantiers dans l'émirat a fait couler beaucoup d'encre. Le journal britannique avait par exemple parlé "d'exploitation" et d'abus "s'apparentant à de l'esclavage moderne".
Selon les chiffres du journal, entre juin et début août 2013, 44 ouvriers népalais seraient morts sur des chantiers au coeur de l'émirat gazier. A ce rythme, au moins 4.000 ouvriers pourraient mourir au Qatar avant même le coup d'envoi de cette Coupe du monde 2022, avait accusé la Confédération internationale des syndicats (ITUC).

En janvier 2014, la Fifa avait haussé le ton et "sommé" le Qatar de prendre des mesures concrètes. En réponse, en mai 2014, l'émirat avait promis d'abolir la "kafala", le système de parrainage local qui fait des salariés des quasi propriétés de leur employeur, et son remplacement par "un système de contrat de travail".

Début février, le Qatar a encore annoncé qu'il allait introduire un système de paiement des salaires tel que les ouvriers seraient payés au moins une fois par mois. Une revendication de longue date de la part d'organisations de défense des Droits de l'Homme comme Amnesty International ou Human Rights Watch.

"Les Qataris sont très sollicités (par les investisseurs étrangers), ce qui nécessite d'autant plus d'efforts de notre part", ajoute Christophe Payot à l'adresse des entrepreneurs belges.

Outre les projets visant la Coupe du monde, l'extension de l'aéroport de Doha appelé à tripler sa superficie ou encore la "Vision nationale pour 2030", qui doit transformer l'émirat gazier en une économie durable et de la connaissance, offrent aux entrepreneurs des opportunités à moyen et long terme, relève pour sa part Charlotte Struye, attachée commerciale pour la Flandre (FIT) à Doha.

Plus que de conclure des accords, le but de la mission reste d'établir les contacts, car "c'est leur suivi qui sera le plus important", souligne de son côté Mounif Khilani, attaché commercial pour Bruxelles et la Wallonie dans la région du Golfe.

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