Le Musée Dr. Guislain expose à Séoul où "la fragilité mentale est taboue"

L’exposition gantoise "L’origine. Histoire de la psychiatrie & art brut" a ouvert ses portes samedi à Séoul, en Corée du Sud. Elle comprend des objets et œuvres d’art de la collection du Musée Dr. Guislain. Il s’agit d’une première pour ce pays asiatique, où la psychiatrie est encore exercée de façon très classique.

L’imposant site de l’actuel Musée, Centre psychiatrique et Institut de Formation Dr. Guislain, a été achevé en 1857 en tant que Hospice pour Hommes aliénés, une réalisation qui valut à Gand (Flandre orientale) un intérêt au-delà des frontières. L’établissement qui passa alors pour marquer une grande avancée dans le traitement humanitaire des maladies mentales sera appelé tout court "Hospice Guislain".

L’historique de cet endroit est dès lors étroitement lié aux aléas de la psychiatrie en tant que phénomène médical, mais également sociétal. L’accès très malaisé aux connaissances et aux informations en matière de soins de santé mentale en général, et de la psychiatrie en particulier, étaient en 1986 le principal motif pour instaurer un musée sur l’histoire de la psychiatrie.

Le Musée gantois est aujourd’hui réputé pour son importante collection d’objets historiques liés au traitement de patients en psychiatrie à travers les siècles, mais aussi pour ses expositions thématiques sur les soins en santé mentale, comprenant souvent des œuvres réalisées par des patients et qualifiées d’art brut ou "outsider art".

Une approche nouvelle

Cette approche intéresse aussi les pays étrangers, comme en témoigne l’accueil de l’exposition "The Origin. History of psychiatry & art brut" au nouveau centre d’art Versi, à Séoul en Corée du Sud. Des objets historiques et des œuvres d’art ont été acheminés pour l’exposition jusqu’à Séoul.

"En Corée du Sud, un pays à grande densité de population et disposant de technologies de pointe, la vulnérabilité mentale est encore toujours un tabou", explique Patrick Allegaert, directeur du Musée Dr. Guislain. Les soins aux patients y sont encore organisés comme par le passé chez nous : des centaines de patients sont soignés dans de grandes institutions, où ils se promènent toute la journée en pyjama et ne reçoivent jamais la visite de leur famille.

L’exposition organisée en collaboration avec le musée gantois doit donc encourager la discussion sur la façon de soigner au mieux les patients en psychiatrie. Elle a ouvert ses portes samedi, à Séoul, avec un concert du jeune chanteur-compositeur gantois Sioen (photo), qui vit partiellement à Séoul.

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