L’Ecole supérieure de navigation d’Anvers, entre tradition et modernité

Avec ses 600 étudiants, dont 55% de néerlandophones et 45% de francophones, l’Ecole supérieure de navigation d’Anvers est la seule école supérieure en Belgique offrant des formations académiques en Sciences Nautiques et une formation professionnelle en Mécanique Navale. Cette école supérieure allie la tradition avec son bâtiment classé et la modernité avec des simulateurs ultra-perfectionnés. Les étudiants portent un uniforme et effectuent un stage d’un mois en mer, le prochain départ aura lieu le 24 mars, depuis le port d’Anvers.

Actuellement lorsqu’on se ballade à Anvers on est frappé par les nombreux travaux effectués un peu partout dans le centre de la métropole, des travaux qui n’épargnent pas le nord de la ville, le long des quais dans le quartier appelé aussi "Het Eilandje", la petite île.

Cette ancienne zone industrielle, entourée des eaux de l’Escaut, est en pleine transformation avec des musée tels que le "M.A.S." (littéralement le musée le long de l’Escaut) ou "The Red Star Line Museum" (sur les traces des émigrants) mais aussi "La Havenhuis" (la maison du port d’Anvers), un nouveau bâtiment futuriste, magnifique.

Dans le même quartier on découvre un autre bâtiment intéressant la "Hogere Zeevaartschool" (HZS) ou, en français l'Ecole supérieure de Navigation d’Anvers (ESNA).

En forme de navire

On est immédiatement frappé par l’architecture moderniste en forme de U de l’édifice. L’aile principale, dont la façade est orientée vers la ville, présente à l’ouest une face arrondie qui ressemble à une proue surmontée d’une terrasse qui fait penser au pont d’un navire.

Ce bâtiment en brique brun-jaune et en pierre est aujourd’hui classé. Il ressemble un peu à l’ancien bâtiment de l’INR, Place Flagey à Ixelles.

"L’histoire de l’Ecole supérieure de Navigation remonte à un établissement fondé en 1802 par Napoléon Bonaparte" explique son directeur actuel Rowan Van Schaeren (photo). Napoléon entendait faire d’Anvers une base navale dirigée contre l’Angleterre.

Après l’indépendance de la Belgique, l’école fut réorganisée suite à l’expansion de la flotte marchande belge. Dans l’entre-deux guerre il a fallu l’agrandir et donc construire un nouveau bâtiment plus moderne. Après un concours, les plans furent fournis par les architectes bruxellois Josse et Maurice Van Kriekinge.

Les travaux de construction commencèrent en 1931. En 1959, une autre aile fut ajoutée du côté nord. Plusieurs changements ont encore été apportés à l'intérieur au fil des années, mais le caractère spécifique du bâtiment a été préservé.

Le bâtiment se trouve au bord de l’eau puisque le fossé de l’ancienne fortification de la citadelle du Nord (Noordkasteel) est utilisé par l’école pour les exercices sur les embarcation de sauvetage.

"Lorsqu’on passe la porte principale de l'école on entre dans le grand hall décoré de chaque côté par des toiles de Taf Wallet et Julien Creytens", explique le responsable de la communication de l’école Willem Bruyndonx.

"La première peinture du côté droit fait référence aux activités du port, la deuxième fait référence aux territoires d’outre-mer à savoir l’ancienne colonie le Congo belge, à l’arrière-plan on découvre aussi les différents navires écoles ou les cadets effectuaient leur stage en mer à l'époque : "Le Comte de Smet de Naeyer", "l’Avenir" et le "Mercator".

Au centre du hall, trône une statue pour les marins qui ont péri en mer. Sur le mur de la cage d'escalier une plaque en bronze rend hommage à l’équipage du navire école "Le Comte de Smet de Naeyer" qui fit naufrage le 19 avril 1906.

L’intérieur de l’école a été modernisé au fil des années. L’internat qui a fonctionné jusqu’en 1982 a été transformé en salle de classe en en bibliothèque. Au deuxième étage on trouve les simulateurs qui permettent aux élèves d’acquérir de nombreuses compétences nautiques et techniques.

L’Ecole dispose de laboratoires et d’ateliers bien équipés, de simulateurs ultra-modernes pour la navigation maritime et le radar, la gestion du chargement, la propulsion et la télécommunication.

Au sous-sol, on trouve l’atelier de la section de mécanique navale où les étudiants apprennent le démontage et le remontage de moteurs diesel.

Une exception en Communauté flamande

L’École supérieure de navigation d'Anvers accueille cette année environ 600 étudiants dont 55% de néerlandophones et 45% de francophones. Environ 13% des étudiants sont des filles.

Il y a aussi 40% d’étudiants étrangers dont un grand nombre de Français mais au total il y a plus de 20 nationalités différentes, ce qui est la preuve de la renommée internationale de cette école.

À l’occasion de la réforme de l’État de 1989, la tutelle sur l’école fut transférée au ministère flamand de l’Enseignement et de la Formation. L’école se distingue par le fait que la Communauté flamande admet qu’à titre exceptionnel, eu égard au caractère unique de son cursus, des cours puissent y être donnés dans une des deux autres langues nationales belge en l’occurrence le français et dans une langue étrangère, en anglais.

C’est la seule école supérieure en Belgique offrant des formations académiques en Sciences Nautiques et une formation professionnelle en Mécanique Navale. Dans la division de sciences nautiques des officiers de pont sont formés. Les officiers de pont s’occupent de la navigation du navire, ils fixent l’itinéraire, ils s’occupent de la communication maritime, ils gèrent la cargaison. Cette formation mène à une carrière en mer où on peut s’élever au grade de capitaine.

Dans la division de mécanique navale des officiers mécaniciens sont formés. Le mécanicien naval est responsable pour l’entretien préventif et la réparation de toutes les installations thermiques, électriques, pneumatiques et hydrauliques à bord d’un navire, ainsi que pour l’équipement de sécurité. Cette formation mène à une carrière en mer où on peut s’élever au grade d’officier chef- mécanicien.

Les stages en mer forment une partie importante et obligatoire de la formation nautique. Un stage d’un mois en mer est ainsi organisé pour les étudiants de première année à bord du trois-mâts polonais Dar Mlodziezy. Le grand voilier appareillera le 24 mars prochain depuis le port d’Anvers. 

Les plus consultés