La "Dernière Cène" de l'abbaye de Tongerlo, peinte en partie par De Vinci

La copie qui ressemble le plus à l’original de "La Dernière Cène" de Léonard de Vinci est accrochée dans l’abbaye de Tongerlo (Anvers). Elle aurait été peinte en partie par le maître italien lui-même. La découverte a été faite par l’historien de l'art américain Jean-Pierre Isbouts, qui lance une campagne de récolte de fonds pour la restauration du tableau. 500.000 euros sont nécessaires.

En collaboration avec le connaisseur d'art Christopher Brown, Jean-Pierre Isbouts a mené des recherches durant de nombreuses années sur les oeuvres de jeunesse de De Vinci à Milan, où se trouve la célèbre fresque "La Dernière Cène de 1495" dans la Basilique de Santa Maria delle Grazie. "Seuls 20% de l’oeuvre originale sont encore visibles aujourd'hui à cause de la décoloration pigmentaire", estime Isbouts.

"C'est pourquoi nous avons examiné les trois copies que les élèves de De Vinci avaient réalisées quelques années plus tard. À notre grande surprise une copie peu connue internationalement et qui se trouve dans l’abbaye de Tongerlo s’est révélée être celle qui ressemblait le plus à l’original – les personnages de Jean (à gauche de Jésus) et de Jésus (au centre du tableau) ont même été peints par de Vinci lui-même, parce qu’il n’y a pas d’esquisse en dessous", a expliqué Jean-Pierre Isbouts.

"Une copie d'une valeur inestimable"

Cette copie de 45 m2 se trouve dans l’abbaye de Tongerlo depuis 1545.

"Je suis ici depuis 30 ans et je crois depuis aussi longtemps que De Vinci est intervenu sur ce tableau" a déclaré le père Gabriël Goossens au quotidien Het Nieuwsblad. "Que ce soit confirmé par de grands spécialistes d'art est fantastique. Les élèves de Vinci ont peint trois copies de l'original, dont celle-ci. Si une bonne âme ne l'avait pas enroulée et cachée dans un grenier pendant la Révolution française, elle se trouverait sans doute au Louvre à Paris aujourd’hui. Ce tableau a résisté au grand incendie de l'abbaye en 1929,et se trouvait dans l'église jusqu'en 1960. Il possède son propre bâtiment depuis un certain temps".

"Même si les pères de l’abbaye en ont toujours pris grand soin, la toile a besoin d’urgence d’une restauration, aujourd’hui" estime Jean-Pierre Isbouts. "Le coût de celle-ci s’élève" selon lui "à environ 500.000 euros".

L’historien de l’art aurait, selon ses propres termes, essayé de contacter pour cela le gouvernement flamand mais sans succès et procède donc actuellement à une collecte de fonds.

"Le problème c’est que le mot copie a perdu de sa valeur aujourd’hui" ajoute-t-il. "Mais au 16ème siècle la différence entre l’œuvre d’un maître et d’un élève était beaucoup plus mince. Surtout aussi en fonction de l’état de conservation de la fresque originale qui est d’une valeur inestimable".

Douze entreprises et organisations flamandes auraient manifesté de l’intérêt pour apporter un soutien financier à la restauration.

L'abbaye de Tongerlo est en principe fermée au public en hiver et ne rouvre qu' à partir de Pâques, mais selon les Pères, il est possible qu'une exception soit faite pour donner aux amateurs d'art la chance de voir l'œuvre cet hiver également.

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