La diversité à la VRT, une lutte de tous les instants

En 2011, la VRT a décidé d’instaurer des objectifs ciblés pour avoir une meilleure représentation de la diversité à la télévision. Quels sont ces objectifs ? Et cette décision a-t-elle fait augmenter la représentation des minorités à l’écran ?

"La VRT est la radiotélévision de tous et pour tous en Flandre. […] Nous présentons la société telle qu’elle est et nous sommes accessibles à tous. La VRT respecte les gens tels qu’ils sont. Tout être humain représente davantage qu’une seule identité. Notre regard se veut ouvert et nuancé et nous refusons de coller des étiquettes." C’est par ces mots que débute la charte de la diversité que chaque employé de la VRT est censé respecter quand il y travaille.

En 2003, la VRT a mis en place une cellule "diversité". C’est elle qui s’est d’ailleurs occupée de la rédaction de cette charte. Les employés de cette unité se consacrent à la sensibilisation de la thématique de la diversité. Geertje De Ceuleneer (photo), coordinatrice, y travaille depuis 2010. Elle explique son rôle et celui de ses collègues : "Nous nous chargeons de la coordination : nous allons à l’écoute des organisations qui représentent les différents groupes. Nous conseillons ensuite la direction et les collègues."

En collaboration avec le service d'études, cette cellule est également responsable du monitoring de la diversité autour de six thèmes : homme/femme, nouveau Flamand, origine, handicap, orientation sexuelle, pauvreté.

À l’horizon 2020, la VRT s’est fixé des objectifs quantifiés pour deux catégories : 40 % de femmes et 7,5 % de nouveaux Flamands. Les autres catégories étant plus difficiles à mesurer, explique Geertje De Ceuleneer. Entre 2012 et 2016, le pourcentage de femmes à l'écran est passé de 33,8 % à 37,4 %. De 6,2 % à 8 % pour le nombre de nouveaux Flamands.

Pour la coordinatrice, les nuances sont importantes : "Ces données sont seulement quantitatives et non qualitatives. La manière de présenter les choses est vraiment importante : Ce n’est pas parce qu’on diffuse beaucoup d’images de femmes dans la cuisine qu’on fait du bon travail."

Pas de quotas!

La VRT n’utilise pas de quotas, mais des "cibles à atteindre". "Si vous mettez des objectifs trop élevés, alors ce n’est pas motivant. Vous devez motiver les gens pour qu’ils s’y mettent et qu’ils se surpassent. Après vous pouvez augmenter les cibles", indique Geertje De Ceuleneer.
 

Trophées pour la diversité

La cellule diversité organise diverses activités pour promouvoir la diversité en interne : groupe Facebook pour l’échange d’informations, lexique en ligne, notamment. Le vendredi 24 mars la VRT a, pour la cinquième année consécutive, décerné ses trophées pour la diversité. L’objectif est de récompenser les réalisateurs de programmes qui traitent de la diversité. Parmi les 5 lauréats, on citera entre autres "Een kwestie van geluk", une série documentaire de 10 épisodes dans laquelle des habitants de quartiers multiculturels anversois racontent leur histoire.

Chaque année, la VRT propose des "stages de diversité". C’est d’ailleurs par ce programme que la présentatrice d’origine marocaine Ihsane Chioua Lehkli (photo, à g.) a commencé sa carrière dans le service public. Elle se rappelle : "J’ai étudié les langues germaniques à l’université et je voulais être active dans les médias ou dans le journalisme. À ce moment-là, j’ai entendu parler du stage de diversité. Je me suis dit "Allez, je tente ma chance, on verra ce qu’il se passe"". Finalement, après avoir assumé d’autres postes, elle présente actuellement l’émission De Zevende Dag et va présenter le journal télévisé à partir de la mi-2017.

© Geert Van Hoeymissen

Pas toujours facile

Aster Nzeyimana, jeune journaliste sportif à la VRT de père burundais et de mère belge, affirme pour sa part que la VRT fait des efforts pour encourager la diversité : "Si tu fais le tour des bureaux, tu remarqueras une touche de diversité dans chaque rédaction, que ce soit à propos de H/F, l'âge, les couleurs et les  origines. Mais je pense qu’il y a encore une marge d'amélioration."

"C’est très important que la VRT s’occupe délibérément de la diversité. La diversité, ça se joue sur plusieurs niveaux", ajoute Ihsane Chioua Lehkli. Elle remarque toutefois que ce n’est pas toujours évident d’avoir des invités de différentes origines : "Le choix de l’invité correspond très souvent à sa fonction. Si on demande un ministre, la majorité d'entre eux sont des hommes et, avant l’arrivée de Zuhal Demir (N-VA), nous n’avions aucun ministre avec une origine étrangère. On n’a pas toujours le choix."

Selon elle, pas question d’engager quelqu’un seulement parce qu’on doit remplir les critères de diversité : "Le plus important, c'est que chaque personne fasse bien son travail et soit compétente. C’est la priorité absolue, mais à côté de ça, il faut essayer d’avoir une rédaction la plus diverse possible". 

Public plus réactif

Geertje De Ceuleneer se réjouit de voir que de plus en plus de personnes sont actives sur les réseaux sociaux de la VRT : "Les gens n’ont plus peur de s’exprimer." La cellule reçoit régulièrement des mails positifs sur les sports féminins ou des messages les sous-titres ou l’audiodescription ne fonctionnent pas.

"C’est très bien que les gens réagissent, cela me permet d’encourager mes collègues", explique-t-elle. Quand elle transfère un message, négatif ou positif, d’un téléspectateur, cela fait une plus grande impression auprès des journalistes. Par exemple, Frank Deboosere (photo) a fait un reportage pour expliquer le printemps astronomique. L’asbl Onze Nieuwe Toekomst qui représente des personnes atteintes d’une déficience intellectuelle a envoyé un message pour indiquer que c’était bien expliqué. "C’est chouette, comme ça je peux le transférer à Franck, qui sait alors qu’il est sur la bonne voie !", conclut De Ceuleneer.

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