Il y a 100 ans disparaissait le poète Emile Verhaeren

Ce 27 novembre 2016, cela fait précisément 100 ans que le plus grand écrivain et poète belge Emile Verhaeren trouvait la mort, écrasé par un train en gare de Rouen en France. Après le déclenchement de la Première guerre mondiale Verhaeren écrivit des poèmes pacifistes et devint un farouche patriote.

Emile Verhaeren est né à Saint-Amand (Sint-Amands), un petit village sur l’Escaut, à la limite de la province d’Anvers.

En 1876, il publia ses premiers poèmes dans la "Revue générale". Il fallut encore attendre 7 ans pour qu’il sorte son premier recueil de poèmes réalistes-naturalistes, "Les Flamandes", consacré à son pays natal. Accueilli avec enthousiasme par l'avant-garde, l'ouvrage fit scandale au pays natal.

Sa véritable percée survint en 1893 grâce au recueil "Les Campagnes hallucinées" et fut confirmée ave la publication des "Villages illusoires" ( avec notamment son célèbre poème "Le Passeur d’eau") et des "Villes tentaculaires" en 1895, enfin sans doute son plus grand succès, le recueil de poèmes "Les Heures claires" un an plus tard.

Verhaeren a sympathisé sa vie durant avec le mouvement socialiste ; il nourrissait également des sympathies pour l’idée anarchiste.

Consécration internationale

Ces poèmes le rendirent célèbre, et son œuvre fut traduite et commentée dans le monde entier. Il voyagea pour faire des lectures et des conférences dans une grande partie de l'Europe.

Fin 1898, Emile Verhaeren quitte Bruxelles pour s’établir à Paris, à cette époque le centre du monde artistique et littéraire. Peu de temps après, il déménage à Saint-Cloud, non loin de Paris.

Avec le soutien des milieux académiques belges et du monde littéraire, Verhaeren est présenté pour le Prix Nobel de littérature en 1908, son nom sera encore cité plusieurs fois dans les années suivantes mais finalement c‘est un autre écrivain belge d'expression française Maurice Maeterlinck qui l’obtint en 1911.

De pacifiste à patriote

La Première Guerre Mondiale opère une vraie cassure dans le développement littéraire de Verhaeren. Sa vision du monde, assez cosmopolite et humaniste, est complètement ruinée et son admiration de l’Allemagne se mue en haine.

Dans les premiers jours de la guerre, le poète se range auprès de la figure du roi Albert et s’engage à défendre son pays avec sa plume. Pendant la guerre, Verhaeren se réfugie d’abord en Grande-Bretagne, puis, en mars 1915, revient en France.

Par le biais d’articles et de poèmes, il attaque l’Allemagne d’une façon impitoyable.

Les recueils les plus importants de ces années sont "La Belgique sanglante" (1915), une compilation de ses écrits de guerre, et "Les Ailes rouges de la guerre" (1916), un recueil de poésie de guerre. 

Le tombeau d'Émile Verhaeren à Saint-Amand

La dépouille de Verhaeren est d’abord enterrée au cimetière d’Adinkerke. Fin 1917, pour des raisons de sécurité, elles ont été transférées au cimetière de Wulveringem, près de Furnes. Ce n’est qu’en 1927 que Verhaeren a reçu son tombeau monumental aux bords de l’Escaut, à Sint-Amands.

Ce choix avait été inspiré par un passage du poème ‘L’Escaut’ de Verhaeren :

"Le jour que m’abattra le sort, 

C’est dans ton sol, c’est sur tes bords

Qu’on cachera mon corps, pour te sentir
même à travers la mort, encor".

L’Escaut - Les Héros, 1908

Durant les dernières décennies, le tombeau a régulièrement été submergé par l'Escaut lors des marées d'équinoxe, le monument a été rehaussé et rénové en 2009.

Nombreuses activités commémoratives

En cette année Verhaeren de nombreuses activités commémoratives sont proposées.

Dans le village natal de Verhaeren à Saint-Amand une série d’activités sont proposées au musée provincial Emile Verhaeren.

L’exposition "Escaut! Escaut!" À la "Letterenhuis" à Anvers met cinq écrivains flamands d'expression française à l'honneur: non seulement Emile Verhaeren mais aussi quatre de ses contemporains: Georges Eekhoud, Max Elskamp, Georges Rodenbach et Maurice Maeterlinck.

Le Musée des Beaux-Arts de Gand (MSK) propose l’exposition "Le regard de Verhaeren" un regard qui permet de redécouvrir l’art d’artistes tels, entre-autres, Léon Frédéric, Eugène Laermans et Constantin Meunier, James Ensor, Jan Toorop et Guillaume Vogels, Théo Van Rysselberghe, Henry Van de Velde et Georges Seurat, Fernand Khnopff, George Minne et Odilon Redon.

A La Panne, au littoral,  l’exposition "Elisabeth, une reine artiste" met en lumière le relation privilégiée entre Emile Verhaeren et la famille royale durant la guerre.

A Tournai, le Musée des Beaux-Arts présente une exposition "Emile Verhaeren : lumières de l’Escaut, lumière des Arts" qui veut montrer comment les contrastes des cieux de l’Escaut ont influé sur la perception et la critique artistiques d’Emile Verhaeren.

Enfin, en  France, le musée des Avelines de Saint-Cloud, en région parisienne, lui consacre une exposition hommage intitulée Émile Verhaeren (1855-1916), poète et passeur d'Art.

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