La majorité flamande pas touchée par la crise

La démission toute récente du gouvernement fédéral - dont les membres ne sont pas parvenus à s’entendre sur le dossier de la scission de l’arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde - et la décision d’organiser des élections législatives anticipées ont fait la Une des journaux, même dans la presse internationale. Mais le gouvernement fédéral n’est qu’un des niveaux de gouvernement en Belgique et le ministre-président flamand Kris Peeters (CD&V) a tenu à souligner que son administration continue à fonctionner de façon tout à fait normale, malgré la crise au niveau fédéral. Kris Peeters a accepté de répondre à quelques questions.

La semaine dernière, le roi Albert II a accepté la démission du gouvernement fédéral belge, proposée quelques jours plus tôt par le Premier ministre Yves Leterme. Des élections anticipées auront lieu en juin. Auront-elles un impact sur le travail du gouvernement flamand ?

Non, car dans le régime politique de la Belgique chaque gouvernement possède ses propres compétences et responsabilités. Le gouvernement flamand dans son intégralité continue donc à travailler, et nous prenons chaque semaine des décisions importantes. Ainsi, nous avons récemment clôturé le contrôle budgétaire 2010, mais aussi le budget 2011-2014. Nous veillons ainsi à ce que, malgré la baisse des revenus publics en conséquence de la crise économique mondiale, les charges financières ne soient pas transmises aux prochaines générations.

Le gouvernement flamand continue également à exécuter son plan de relance économique, et nous prenons sans cesse des initiatives supplémentaires pour aider les entreprises et les citoyens à sortir de cette période de crise économique, tout en préparant la Flandre pour l’avenir.

A quoi attribuez-vous la crise politique qui s’est emparée du pays ? A votre avis, quels sont les changements nécessaires pour garantir une stabilité politique à l’avenir ?

J’ai toujours défendu l’idée d’une révolution copernicienne qui fasse passer le poids des compétences aux états fédérés. En d’autres termes, je plaide en faveur d’états fédérés forts qui reçoivent des instruments de gestion supplémentaires pour pouvoir mener encore davantage une politique sur mesure, qui corresponde aux besoins propres de chaque entité. Ceci doit cependant être combiné à une plus grande coopération et davantage de concertation entre les gouvernements, dans le but d’obtenir des résultats concrets sur le terrain, au service des états fédérés.

Pensez-vous qu’au terme des élections fédérales les partis francophones et flamands parviendront à trouver un consensus et que la Belgique survivra en tant qu’état au sein de l’Union européenne ?

Aucune des réformes d’Etat n’a été facile en Belgique, pas même dans le passé. Je suis convaincu que, s’il existe une réelle volonté politique, on arrivera à un accord. Il n’y a d’ailleurs pas d’autre solution : il faut parvenir à un accord.

Remarquez aussi qu’à la suite de la mondialisation dans presque tous les secteurs de la vie en société et de l’intégration internationale et surtout européenne, la notion du 19e siècle d’Etat-nation est dépassée. Aujourd’hui nous avons à faire à un gouvernement à plusieurs strates ou hiérarchisé : les compétences sont ainsi partagées par les gouvernements à plusieurs niveaux, côte-à-côte ou en interaction, afin de répondre aux défis de notre époque.

La démission du gouvernement fédéral ne donne pas une impression très positive à la communauté internationale. Ceci influence aussi la façon dont la Flandre est considérée à l’étranger. Etes-vous inquiet de la façon dont la crise politique belge peut influencer le regard porté de l’étranger sur la Flandre ?

J’ai tout de même des réserves face à votre thèse, d’autant plus que je constate que le gouvernement des Pays-Bas est également tombé le mois dernier et que la situation en Grande-Bretagne n’est pas brillante, pour ne pas citer les résultats des élections régionales en France.

Bien entendu, il est meilleur pour un pays qu’il possède une majorité stable et décidée, mais il n’existe pas de garanties à ce sujet. Le point de vue flamand qui demande le respect pour notre territoire et le respect de l’arrêt de la Cour constitutionnelle ne me semblent pas des positions au sujet desquelles on nous posera des questions à l’étranger. Je veux donc relativiser les conséquences de la crise politique.

Chaque jour des investisseurs étrangers m’annoncent qu’ils souhaitent investir en Flandre et me demandent quelles sont les mesures et les possibilités pour un tel investissement. Ces dernières années, la Flandre a fait de gros efforts pour se rendre plus visible à l’étranger et construire des réseaux avec des partenaires étrangers. Nous sommes conscients que ces efforts sont importants pour favoriser une attitude positive à l’égard de la Flandre.

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