4 août 1914 : l’Allemagne envahit la Belgique

Le 4 août 1914, l'Allemagne envahit la Belgique, violant ainsi la neutralité de notre pays pourtant garantie par les grandes puissances européennes. Par le jeu des alliances, la Grande-Bretagne déclare la guerre à l’Allemagne et le conflit devient mondial.

Il y a tout juste un siècle, les premiers éléments de la cavalerie allemande pénètrent en Belgique. Pour la première fois depuis son indépendance, la Belgique est en guerre. Pourtant cette invasion n’est pas tout à fait une surprise. Mais les conséquences seront terribles.

En 1914, la Belgique est encore un jeune Etat qui s’est détaché des Pays-Bas en 1830 après un soulèvement armé. En échange de l’aide que les grandes puissances européennes lui ont apportée au moment de son indépendance, la Belgique a dû promettre par voie de traité qu’elle observerait une totale neutralité. Elle peut donc compter sur le soutien militaire des grandes puissances qui se sont portées garantes de son indépendance. Tous les grands Etats européens ont signé ce traité en 1839.

Durant la guerre franco-prussienne de 1870 et 1871, la Belgique qui ne possédait pas d’armée avait mobilisé, mais finalement il n’y avait pas eu d’invasion.

En été 1914 beaucoup espèrent encore que notre pays puisse échapper à la guerre. Pourtant les signes ne manquaient pas.

Le roi Albert savait depuis des années qu’à Berlin les plans pour la traversée du territoire belge vers le Nord de la France étaient prêts.

En 1913, l’empereur Guillaume II et les généraux allemands avaient prévenu le roi Albert Ier que notre neutralité ne serait pas violée si la Belgique ne s’en prenait pas à l’armée allemande.

Dès 1909, la Belgique avait instauré le service militaire obligatoire. Une ceinture fortifiée avait été construite autour des villes stratégiques de Liège, Namur et Anvers, pour retarder toute invasion. Mais le gouvernement belge ne se faisait aucune illusion : en cas d’invasion allemande, l’armée belge devrait se replier.

Réaction en chaîne dramatique

Puis vint le jour fatidique : le 28 juin 1914, le prince héritier d’Autriche et son épouse étaient assassinés à Sarajevo par un nationaliste serbe. Cet événement provoqua une réaction en chaîne dramatique.

Le 31 juillet 1914, quelques jours seulement après le déclenchement des hostilités entre l’Autriche-Hongrie et la Serbie, la Belgique proclamait la mobilisation générale. Cette décision devait prouver que notre pays n’avait pas l’intention de se laisser faire.

Au total, la Belgique avait 117.000 hommes sous les armes, alors qu’à sa frontière se trouvaient 750.000 militaires allemands beaucoup mieux équipés.

Le 1er août, l’armée allemande envahit le Luxembourg. Le roi Albert Ier écrit une lettre à l’empereur d’Allemagne lui demandant de respecter la neutralité belge. La réponse viendra à 19 heures sous la forme d’un ultimatum. L’empereur demande au roi de pouvoir traverser la Belgique pour envahir la France. Un refus signifierait une déclaration de guerre.

Il n’y avait plus de possibilité de faire marche arrière. Le gouvernement belge demande et obtient la confirmation de Londres, Paris et Saint-Pétersbourg que ces pays feront respecter notre neutralité, si nécessaire par la force. Puis le roi Albert Ier refuse aux troupes allemandes le passage par notre territoire.

Le premier mort à Thimister

Le 4 août 1914, à 7h30 du matin, c'est en passant par Gemmenich que les premières unités de l'armée impériale allemande donnent l'assaut à Liège, en venant d'Aix-la-Chapelle. A 10 heures, le gouvernement belge demande l’aide de la France, de la Grande-Bretagne et de la Russie pour repousser l’invasion allemande. Les troupes françaises sont prêtes à rejoindre Liège.

Le lancier Antoine Adolphe Fonck, né à Verviers en 1893 est la première victime belge de la Première Guerre.

Il était cavalier au 2e régiment de Lanciers. Après avoir aperçu un groupe de soldats prussiens dans les environ de Thimister il met pied à terre, attache son cheval à une barrière, épaule son fusil et tire sur le groupe de cinq ou six soldats s'approchant. Un soldat allemand tombe et le groupe se disperse.

Le lancier Fonck remonte sur sa monture et reprend sa progression, mais les soldats, appartenant au 53e régiment de Uhlans, se rassemblent et finissent par contre-attaquer.

Le cheval de Fonck est tué sous lui. Après s'en être dégagé, il prend la fuite en longeant le fossé de la route, traverse la chaussée puis escalade l'accotement pour franchir la haie. Il tombe alors, mortellement touché d'une balle dans la nuque à 10 h du matin au lieu-dit La Croix Polinard. Il était âgé de 21 ans.

A Visé, un groupe de cinq gendarmes belges à vélo barrent le passage aux soldats allemands. Les gendarmes Auguste Bouko et  Jean-Pierre Thill seront abattus, deux autres seront blessés. Pour la gendarmerie belge il s'agit du premier engagement militaire.

En représailles, la ville est détruite, plus de 600 maisons sont brûlées et démolies. Trente-six Visétois fusillés, des centaines d’autres emmenés en captivité. Visé sera la première des villes martyres de la Grande Guerre. Aarschot, Andenne, Tamines, Dinant, Louvain et Termonde suivront.

Dans les villages environnants, des dizaines de civils belges sont aussi tués, certains par balles, d'autres au sabre ou décapités à la hache. C’est le début des atrocités allemandes endurées par la population civile. Le récit de ces atrocités va rapidement s’étendre à tout le pays et même à l’étranger. Ces histoires  trouvent rapidement un écho dans la presse des puissances alliées.

Surpris par la résistance héroïque de la petite armée belge, les Allemands doivent utiliser leur grosse pièce d’artillerie pour venir à bout des fortifications construites en béton.

C’est ainsi que la "Grosse Bertha" entre en service lors du siège de Liège. Le fort de Loncin est bombardé par les pièces d’artillerie qui provoquent l'explosion de la poudrière du fort et la mort de toute la garnison qui l’occupait.

Entretemps le gouvernement britannique pose aussi un ultimatum à l’Allemagne. Elle a 24 heures pour évacuer la Belgique, sous peine d’une déclaration de guerre. Cet ultimatum ayant expiré, les troupes britanniques sont envoyées dans le Nord de la France. L’Angleterre garante de la neutralité belge déclare finalement la guerre à l’Allemagne. Le conflit est devenu mondial et il a débuté dans notre pays.

En 1870, les troupes prussiennes avaient traversé les lignes françaises comme dans du beurre pour arriver à Paris. La France s’était ensuite effondrée. Après cette défaite, les Français avaient construit de nouveaux forts et des lignes de fortifications le long de la frontière allemande. De plus, suite au pacte militaire de 1892 liant la France et la Russie, l’Allemagne risquait d’être obligée de combattre sur deux fronts.

Le chef d'état-major allemand, le général Alfred von Schlieffen, avait alors présenté un plan alternatif: attaquer à travers le Luxembourg et la Belgique pour contourner par le nord toutes les forces françaises massées le long de la frontière franco-allemande, puis faire pivoter l'aile droite marchante allemande vers le sud pour prendre Paris et enfin encercler les troupes françaises.

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Ce plan impliquait l'obtention d'un droit de passage par la Belgique ou, à défaut, le passage en force avec violation de la neutralité belge. Ce plan prévoyait d’encercler Paris en 40 jours et ainsi obliger les Français à se rendre. Les Français seraient donc battus avant même que la grande armée russe n’ait le temps d’être mobilisée.

Ce plan comportait néanmoins plusieurs points faibles. Le général von Schlieffen avait sous-estimé la résistance de l’armée belge et surestimé la capacité de son énorme armée à se déplacer rapidement.

Il avait aussi ignoré la possibilité de l’entrée en guerre de l’Angleterre pour défendre la neutralité belge. Alfred von Schlieffen meurt à Berlin le 4 janvier 1913, dix-neuf mois avant le déclenchement des hostilités qui verront l'application partielle de son plan.

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