Le Lycée français d’Anvers parfait son néerlandais

Afin de s’intégrer encore davantage dans sa région d’accueil, mais aussi pour répondre à une demande croissante de parents néerlandophones qui désirent une éducation bilingue pour leurs enfants, le Lycée français international d’Anvers (photo) proposera dès la rentrée de septembre une classe de première primaire bilingue français/néerlandais. Son enseignement bilingue français/anglais, lancé en 2010 en maternelle, sera également étendu à la première primaire.

Installé dans les locaux de l’établissement francophone fondé en 1901 dans la métropole flamande - à l’époque sous le nom d’Institut Rachez -, le Lycée français international d’Anvers compte actuellement quelque 130 élèves, âgés de deux ans et demi à 18 ans, et est placé sous la tutelle pédagogique de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE).

Comme les 460 autres établissements scolaires français disséminés dans le monde, le Lycée d’Anvers a pour mission première de scolariser les Français (en séjour plus ou moins long en Belgique), mais ouvre également ses portes aux enfants des familles flamandes et d’autres nationalités (moyennant un minerval). Une politique d’ouverture culturelle et linguistique a d’ailleurs été développée en collaboration avec la ville d’Anvers (photo).

Près de 40% des élèves inscrits actuellement sont des Français, pour environ 22% d’étudiants Franco-Belges, alors que les 38% restants sont des ressortissants d’autres nationalités (d’origine marocaine ou indienne, notamment). « La majorité des Belges inscrits sont des Flamands », explique le directeur du Lycée d’Anvers, Marc Ellul. Ils sont plus nombreux dans les classes maternelles et primaires, alors qu’en secondaire la proportion d’élèves francophones est plus importante.

Le proviseur précise que les lycées français ont pour vocation de s’intégrer dans leur région d’accueil, notamment en ouvrant leur enseignement à l’apprentissage de la langue locale. Des ateliers de néerlandais sont donc proposés aux enfants dès la moyenne section maternelle, étendus à une découverte de la culture flamande en fin de maternelle. De la 1e primaire à la fin du secondaire, les élèves bénéficient ensuite progressivement d’une heure et demi à 3 heures de néerlandais par semaine, en tant que deuxième langue vivante, obligatoire jusqu’à la fin du primaire et optionnelle en secondaire.

Répondre à une demande de parents flamands

Le Lycée d’Anvers est confronté depuis quelques années à une diminution progressive du nombre de ressortissants français qui résident ou s’installent dans la région anversoise et le Limbourg, et donc à une baisse du nombre d’élèves inscrits. La direction tente d’attirer davantage d’étudiants flamands. « Je ne vous cache pas que je serais ravi si mon nombre d’élèves pouvait doubler », admet le directeur Marc Ellul.

La demande croissante de parents d’un enseignement bilingue de qualité - et en particulier de parents flamands de pouvoir faire suivre à leurs enfants un enseignement en français et néerlandais - a contribué au lancement d’une nouvelle initiative. Sur le modèle du projet bilingue français/anglais qui avait vu le jour au Lycée d’Anvers en 2010 en maternelles (photo), une classe bilingue français/néerlandais de première primaire sera lancée à la rentrée de septembre, en parallèle avec une première primaire français/anglais.

Concrètement, les élèves de première primaire bénéficieront dès l’année scolaire prochaine d’un enseignement renforcé en néerlandais, ou en anglais selon leur choix. Ils recevront ainsi 19 heures de cours en français, assorties à 7 heures de cours hebdomadaires dans l’autre langue choisie. Trois heures de cours de langue à proprement parlé, une heure d’histoire et géographie, une heure de maths et une heure d’activités artistiques dans la langue cible figurent au programme. A cela s’ajoute une heure hebdomadaire en présence conjointe de l’enseignante belge néerlandophone et de l’enseignante française.

Le projet bilingue devrait s’élargir progressivement aux autres classes primaires, à mesure que les élèves de l’année de lancement avanceront dans leur scolarité. Le Lycée français sera épaulé par le centre de ressources pédagogiques « Nederlandse Taalunie », qui mettra à sa disposition des supports pédagogiques pour l’enseignement du néerlandais.

La direction prévoit également des cours de remise à niveau en français pour les jeunes élèves néerlandophones qui veulent suivre l’enseignement bilingue. Le Lycée français international espère ainsi voir croître progressivement le nombre de ses élèves et pouvoir maintenir sa présence dans la ville portuaire et culturelle importante qu’est Anvers.

Situation différente à Bruxelles

Au Lycée français Jean Monnet, installé dans la commune bruxelloise d’Uccle, on ne songe pour l’instant pas à lancer un projet bilingue français/néerlandais. Un peu paradoxalement puisque l’école est située dans la capitale bilingue. Le Lycée érigé en 1908 et comptant actuellement 2.300 élèves propose par contre des classes bilingues français/anglais depuis la maternelle jusqu’au collège, ainsi qu’en français/allemand en maternelle.

Le néerlandais est enseigné au Lycée Jean Monnet dès l’équivalent de la 6e primaire belge et jusqu’au baccalauréat, en tant que deuxième ou troisième langue facultative, au même titre que l’allemand, l’espagnol, le chinois ou une langue ancienne. Les élèves des cinq premières classes primaires peuvent suivre des cours de néerlandais, mais après la fin des classes (cours parascolaires). « Les familles françaises qui résident à long terme en Belgique choisissent souvent le néerlandais comme deuxième langue pour leurs enfants », explique-t-on au Lycée.

Si la direction ne juge pas opportun, actuellement, d’organiser un enseignement bilingue français/néerlandais à Jean Monnet, c’est parce que 70% de ses élèves sont Français et ne restent souvent guère plus de 3 ans en Belgique avec leurs parents. Ces familles résideraient en outre souvent dans une des 19 communes bruxelloises et n’estimeraient pas nécessaire de faire apprendre le néerlandais à leurs enfants.

« Notre Lycée n’a pas une population suffisante intéressée par le néerlandais que pour envisager des cours bilingues français/néerlandais. Au Lycée d’Anvers c’est différent, puisque beaucoup d’élèves y sont néerlandophones », conclut-on au Lycée français Jean Monnet.

 Anne François

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