Des sociétés flamandes poursuivies pour exportation de produits chimiques vers la Syrie

D’après une enquête menée par l’hebdomadaire Knack, trois sociétés anversoises ont vendu un composant du gaz sarin à des entreprises syriennes, une pratique interdite depuis 2013. Des dizaines de tonnes de produits chimiques "interdits" auraient été exportées par leur entremise vers la Syrie et le Liban. Les entreprises concernées doivent à présent comparaître devant le tribunal correctionnel.
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Au total, 24 livraisons litigieuses ont eu lieu entre mai 2014 et décembre 2016, orchestrées par trois entreprises anversoises, A.A.E. Chemie Trading, Annex Customs et Danmar Logistics, désormais poursuivies par la justice belge.

Des dizaines de tonnes de produits chimiques "interdits" ont été exportées par leur entremise vers la Syrie et le Liban après juillet 2013. Certains de ces produits, comme l'isopropanol, peuvent servir à la fabrication d'armes chimiques, dont le redoutable gaz sarin.

L'exportation de produits chimiques vers la Syrie est pourtant soumise, depuis juillet 2013, à une autorisation spéciale. Mais la douane belge n'a apparemment pas tenu compte de l'interdiction de l'Organisation internationale pour l'interdiction des armes chimiques des Nations unies.

"Une affaire incroyable"

Pour le ministre des Finances Johan Van Overtveldt, également compétent pour les douanes, cette affaire est "pour le moins incroyable". "Ces entreprises ont des années d'expérience dans ce secteur", a-t-il déclaré dans l'émission De Ochtend sur Radio 1 (VRT).

Les douanes ont lancé une enquête interne et des "irrégularités" ont été constatées, a ajouté le ministre sans en dire davantage dans l'attente que l'affaire passe en justice, le 15 mai.

Selon Johan Van Overtveldt, les entreprises concernées exportaient déjà de l'isopropanol en Syrie avant 2013, le produit étant utilisé comme diluant. Mais d'après les informations dont le ministre dispose, ces exportations ont cessé fin 2016.

De leur côté, les entreprises assurent avoir fait commerce avec des firmes privées syriennes et libanaises qui produisent notamment des peintures, des vernis et des liquides de refroidissement.

La douane accuse à son tour les sociétés

Mise en cause, la douane s'est retournée contre les entreprises citées. Elle aurait toutefois réagi bien trop tard par rapport à ces exportations. "L’enquête est encore en cours au sein des services de douane", a souligné Johan Van Overtveldt, qui précise qu’il attendra la fin de la procédure avant de tirer des conclusions.

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