"On s'est mal attaqué au problème des loverboys"

L’organisation Child Focus estime que notre pays s’est très mal attaqué au problème des loverboys, ces jeunes hommes qui séduisent des adolescentes pour ensuite les obliger à se prostituer. "Les chiffres prouvent que l'approche actuelle est totalement inappropriée", estime Yasmin Van Damme de Child Focus.

En 2017, 40 nouveaux dossiers ont été ouverts pour des jeunes filles qui ont été poussées à se prostituer par des loverboys, 39 de ces dossiers étaient ouverts depuis 2015", explique Yasmin Van Damme de Child Focus.

Il y a deux ans, Yasmine Van Damme s’était rendue avec d’autres organisations comme le refuge pour femmes Payoke au Parquet d’Anvers pour tirer la sonnette d’alarme. "Nous constatons à présent qu’un grand nombre de ces victimes se retrouvent encore dans la prostitution" ajoute Van Damme. "De nombreuses filles que nous avons accueillies en 2017, nous les avions déjà connues en 2015".

Ces filles sont envoyées dans des institutions de la ville où les liens avec les loverboys sont étroits et où elles peuvent facilement s’enfuir, ce qu’elles font d’ailleurs.

Nous préconisons que ces victimes soient envoyées dans un endroit isolé où elles pourraient bénéficier d’une aide psychologique individuelle.

Lorsqu’une fille s’échappe et qu’elle est reprise, elle est renvoyée dans le même établissement ou alors dans un établissement fermé. Elle n’y reste que quelques mois mais doit ensuite retourner dans une institution ordinaire.

Renvoyée d'une institution à l'autre

Dans la pratique, nous voyons que ces filles sont renvoyées d'une institution à l'autre, alors qu'il n' y a en réalité que deux institutions dans notre pays qui sont spécialisées pour aider ces filles. Mais il ne s'agit là aussi que d'institutions semi-sécurisées et semi-ouvertes où les filles peuvent facilement s’enfuir et où la situation n'est pas non plus sous contrôle", explique Van Damme.

Selon Yasmine Van Damme, le ministre flamand des affaires sociales Jo Vandeurzen (CD&V) est conscient des problèmes et des budgets sont également prévus pour mettre en place des spécialisations dans certaines institutions. "Mais nous devons avoir le courage d'admettre que cela n' a pas vraiment fonctionné comme nous l'espérions.

"Il faut comprendre que ce problème ne peut être résolu dans les structures actuelles. Il est important que tout le monde comprenne qu'il ne s'agit pas seulement de la responsabilité du bien-être des jeunes.

Le pouvoir judiciaire a également un rôle à jouer ici, tout comme les Affaires étrangères. Il doit aussi y avoir changement de mentalité. Les jeunes ne sont pas assez considérés comme des victimes parce qu'ils ont déjà un passé chargé.

Point de contact central

Childfocus plaide pour un point de contact central où toutes les informations sur la victime seraient rassemblées. Or cela n’existe pas :"Si une fille s'enfuit du centre d'accueil en Flandre occidentale et arrive à Anvers, il n' y a aucun système qui fait que tout le monde soit mis au courant".

Il faut créer un flux d'informations qui ne soit pas seulement local mais aussi national. Pour que l'information parvienne à la fois au service d’aide qu’à la police et au pouvoir judiciaire et que tout le monde soit au courant de la même chose. Or ce n'est pas le cas aujourd'hui.

"Nous devons tout faire pour sauver les victimes et capturer les coupables", ajoute Yasmin Van Damme de Child Focus. Mais la Justice laisse aussi tomber les bras.

"Le meilleur exemple est le cas de ces adolescents qui étaient chez eux avec un bracelet électronique mais qui ont apparemment pu poursuivre leurs activités immédiatement après leur libération parce qu'il n' y avait pas de véritable suivi de leur conditions de remise en liberté".

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