Les élèves allophones pourront parler leur langue dans des écoles flamandes

Les élèves des écoles flamandes qui parlent une autre langue que le néerlandais à la maison doivent pouvoir l’utiliser pendant les récréations, voire même en classe. C’est ce qui ressort d’une recommandation de GO !, le pouvoir organisateur de l’enseignement officiel en Flandre, relayée par les journaux du groupe Mediahuis. Cette approche a suscité des réactions contrastées au nord du pays.

D'après GO!, les directeurs de toutes les écoles officielles en Flandre doivent prêter une attention particulière à la langue maternelle de leurs élèves - que ce soit l'espagnol, le polonais ou l'arabe, ou un dialecte flamand. Interdire aux jeunes de s'exprimer dans d'autres langues que le néerlandais serait contreproductif, d'après le pouvoir organisateur. Une attitude positive envers les langues maternelles permettrait au contraire aux élèves de se sentir mieux à l'école, d’avoir davantage confiance en eux-mêmes et donc de faire plus facilement le pas vers le néerlandais, estime l'administratrice déléguée de GO! Raymonda Verdyck (photo).

D’autres réseaux d’enseignement en Flandre sont également en train de développer une nouvelle vision sur le plurilinguisme. L’enseignement communal à Gand est sur la même longueur d’ondes que GO !, alors que la coupole des écoles catholiques en Flandre se concerte actuellement avec la base pour voir comment approcher le plurilinguisme.

La ministre flamande de l'Enseignement Hilde Crevits (CD&V) précise que le néerlandais est et doit rester la langue de l'instruction, mais considère que le développement par les écoles d'une stratégie pour appréhender le multilinguisme est une "bonne chose".

Réactions des partis politiques

Le parti socialiste SP.A soutient également l'approche proposée par GO! , la qualifiant de "pragmatique et logique". La présidente de l'Open VLD, Gwendolyn Rutten, ainsi que la députée Groen Elisabeth Meuleman ont aussi réagi de manière enthousiaste sur le réseau social Twitter.

Des opinions que ne partagent absolument pas la N-VA et le Vlaams Belang, qui s'opposent à une telle initiative. "Je pense que ce serait très complexe à mettre en place", estime le député flamand Koen Daniëls (N-VA). "La langue néerlandaise nous rassemble tous aujourd'hui et demain", pointe-il, avant de douter que la proposition de GO! permette d'orienter à l'avenir plus de jeunes dont la langue maternelle n'est pas le néerlandais vers l'enseignement supérieur.

Les Secrétaires d'Etat fédéraux N-VA Zuhal Demir et Theo Francken ont aussi fait part, via Twitter, de leur désapprobation face à cette proposition. "La N-VA ne doit pas être inquiète. Le néerlandais est et reste la langue d'instruction partagée. Mais au bout du parcours, le gain d'apprentissage est plus important si le multilinguisme et la langue maternelle sont valorisés", a rétorqué la députée flamande Caroline Gennez (SP.A).

Quant au président de la N-VA et bourgmestre d’Anvers, Bart De Wever (photo), il parle d’une "idée absurde" défendue par GO !."Quand je l’ai entendue, j’ai pensé qu’il s’agissait d’un poisson d’avril anticipé". Il estime que permettre aux enfants allophones de parler leur langue maternelle à l’école ne facilitera pas, par la suite, leur accès au marché de l’emploi.

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