La police prend des photos pour identifier les émeutiers de Bruxelles

A la suite d’une concertation entre le ministre de l’Intérieur Jan Jambon et le bourgmestre de la Ville de Bruxelles Philippe Close, jeudi, les contrôles de police ont été intensifiés dans le centre de la capitale depuis les émeutes sur le Boulevard Lemonnier le 11 novembre dernier (photo). Pour tenter d’identifier les individus responsables des incidents, certains jeunes dont l’identité est contrôlée sont pris en photo par la police. L’information, rapportée ce vendredi par les journaux du groupe Sudpresse, a été confirmée à la VRT.

Des résidents du quartier Anneeseens témoignent avoir été contrôlés et pris en photo, et expriment leur frustration. "Il est possible que des photos de jeunes aient été prises car il y avait des doutes sur leur implication dans les émeutes", commente Ilse Van de Keere, porte-parole de la zone police Bruxelles-capitale/Ixelles. "Ce procédé a déjà permis d'identifier une personne", ajoute-t-elle.

La zone de police locale assure que ce n'est pas systématique. "La présence policière en général a été renforcée dans tout le centre-ville depuis les incidents", indique la porte-parole de la zone qui concède que la prise en photo d'individus lors de contrôles d'identité n'est pas une pratique habituelle. D'un point de vue législatif, "c'est une zone grise, il n'y a pas de réponse claire", observe Mathieu Beys, juriste et auteur de l'ouvrage "Quels droits face à la police?".

"La loi sur la fonction de police permet de traiter et récolter des données personnelles y compris les photos", commente-t-il. "Il y a un principe important en matière d'enquête judiciaire qui interdit d'aller chercher des informations sur un large groupe de personnes sans avoir des indices", indique encore Beys.

Déploiement de police plus efficace

Le ministre de l'Intérieur Jan Jambon et le bourgmestre de la Ville de Bruxelles Philippe Close (photo) ont convenu jeudi matin de chercher à rendre plus efficace le déploiement de policiers dans la capitale. Le ministre veut aussi miser davantage sur les agents de quartier et la technologie pour améliorer le flux d'informations et la détection d'événements à risque. Les deux hommes se sont concertés à ce sujet ce jeudi.

Ils ont annoncé, à l'issue de leur rencontre, que l'on examinerait les moyens d'améliorer l'entrée en service des nouvelles recrues. "J'ai senti que le climat était plus à l'apaisement et à construire un projet pour le futur", a commenté le bourgmestre de la Ville, en quittant le cabinet du ministre. Philippe Close a évoqué la perspective de "solutions innovantes" pour permettre l'embauche plus rapide de policiers.

Le ministre N-VA a fait observer que le recrutement en lui-même ne représentait qu'un aspect de la question, l'autre portant sur la durée de la formation avant que l'agent ne soit opérationnel. Un groupe de travail sera chargé d’étudier cette question. Le bourgmestre Close a indiqué qu'il ferait tout pour disposer du nombre suffisant d'agents en vue de la prochaine Coupe du Monde à l'occasion de laquelle des rassemblements festifs sont attendus dans le centre de la ville, dont il ne compte pas interdire l'accès aux fêtards.

Le ministre de l'Intérieur a souligné que la "position de l'information" (ndlr: préalable) sera examinée sur deux aspects en regard de celle qui a fait quelque peu défaut pour mieux anticiper les événements des 11 et 15 novembre. Il s'agira d'une part de renforcer la position de l'agent de quartier, et d'autre part de travailler sur la technologie pour scruter les médias sociaux afin d'être en mesure d'y détecter les appels aux émeutes.

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