Un prêtre poursuivi pour ne pas avoir brisé le secret de la confession

Un prêtre de Bruges devra comparaître devant la Chambre du conseil parce qu’il était au courant des projets de suicide d’une personne et n’a rien fait pour l’en empêcher. L’information est révélée par le quotidien Het Nieuwsblad, ce mardi. Le prêtre évoque le secret de la confession et affirme qu’il ne pouvait pas le briser.

Un homme qui souffrait depuis longtemps de dépression a mis fin à ses jours en octobre 2015. Peu avant son suicide il s’était entretenu pendant une heure avec un prêtre. Des sms ont aussi été envoyés.

La veuve de cette personne a découvert les sms et a déposé plainte contre le prêtre auprès du parquet. "Mon mari a confié au prêtre qu’il allait mettre fin à ses jours à la maison", a-t-elle déclaré au journal. "Ce prêtre connaissait notre adresse et n’a absolument rien fait. Il n’a même pas averti les services d’urgence".

L'enquête est à présent bouclée. Le parquet estime qu'il y a suffisamment d'éléments pour demander le renvoi du prêtre devant le tribunal correctionnel. La décision de la chambre du conseil est attendue mercredi.

Une personne condamnée pour négligence coupable risque jusqu'à un an de prison et/ou une amende de 3.000 euros.

Le prêtre plaide le secret de la confession, argument contesté par les parties civiles. "Nous vivons dans une société sécularisée. S'il faut aider un homme, vous devez le faire", a indiqué Me Patrick Bernard Martens.

Rik Torfs qui est professeur de droit canon à la Katholieke Universiteit Leuven, comprend la décision du prêtre. "Le secret de la confession est absolu" a-t-il déclaré lors de l’émission "De ochtend" (VRT) ce mardi matin. "Un prêtre qui violerait le secret de la confession se verrait infliger l’une des peines les plus sévères de la loi ecclésiastique: l'excommunication. Cela signifie qu'il n'est plus autorisé à exercer sa profession ni même à recevoir un sacrement".

Pour Rik Torfs, si le tribunal déclarait ce prêtre coupable, cela aurait des conséquences considérables. "Dans ce cas chaque prêtre pourra être puni, soit par un tribunal, soit par l’Eglise, le prêtre devra alors choisir la punition qu’il jugera la moins pénible".

Rik Torfs pense que le prêtre en question n’aurait pas pu faire grand-chose pour empêcher ce suicide.

"Si cet homme n’était pas certain du secret de la confession il n’aurait jamais contacté ce prêtre. Durant leur conversation, le prêtre a pu faire de son mieux pour tenter de convaincre cet homme de ne pas passer à l’acte.

Le fait que cette conversation ait eu lieu par téléphone et non pas dans un confessionnal ne constitue pas un problème pour Rik Torfs. "En principe vous devez vous confesser dans un confessionnal, mais dans des circonstances exceptionnelles vous pouvez vous confesser à tout moment et n’importe où".

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