Le nouvel album de Bob et Bobette accusé de racisme

L’écrivaine flamande Dalilla Hermans estime que l’un des dessins issu de "Mami Wata", le dernier album de Suske & Wiske (Bob et Bobette ) donne une "représentation extrêmement raciste et stéréotypée de l’homme noir". Via les réseaux sociaux, elle lance un appel à tous les dessinateurs et artistes de créer une autre représentation de l'homme africain et de la partager via le hashtag #nomoremonkeybusiness. L’éditeur de la bande dessinée Standaard Uitgeverij a présenté ses excuses.

Le nouvel album de Suske & Wiske a déjà suscité beaucoup de réactions dans les médias ce week-end notamment parce que l’on peut y voir une femme aux seins nus, ce qui constitue une première pour cette bande dessinée.

Mais c’est une autre représentation qui a suscité la réaction de Dalilla Hermans. "Je ne comprends pas que personne n’ait été choqué par l’image qui est donnée de l’homme noir, c’est une image très raciste. Avec ces lèvres on dirait presqu’un singe. Cela me fait penser à l'expo '58 et à notre passé colonial. J’ai été très longtemps une fan de Suske & Wiske. Je sais que dans les précédents albums il y a eu aussi des représentations racistes mais étant donné l’époque cela me dérangeait moins. Mais aujourd’hui nous sommes en 2017 et nous ne devons plus accepter cela".

"Je trouve que cela constitue un problème parce que le langage visuel est quelque chose de super important pour l’image de soi des enfants et des adolescents. Tant que les noirs seront représentés comme des singes, il continueront à se faire traiter comme des demeurés".

Mais l’écrivaine ne veut pas rester sur un sentiment de frustration et de colère, elle voudrait tenter de mettre en place quelque chose de positif.

"Je pense que j’ai assez d’amis créatifs et je lance un appel à tous ceux qui ont un peu de talent de m’envoyer une représentation d’un homme noir qui ne me fasse pas dresser les cheveux sur la tête. Avec ces dessins je prouverai aux Studio Vandersteen qu’il est possible de faire mieux et autrement".

Standaard Uitgeverij comprend et présente ses excuses

L’éditeur de la bande dessinée Standaard Uitgeverij comprend la réaction de Dalilla Hermans et lui présente ses excuses.

L’éditeur va prendre contact avec l’auteur. "Il n’a jamais été question de choquer qui que ce soit ni avec les textes ni avec le scénario", a déclaré Ruth Van Ammel de Standard Uitgeverij à notre rédaction.

"Cependant cette réaction se base sur un seul dessin, d’un seul personnage qui n’est qu’un figurant dans l’album. Alors que de très nombreux autres personnages noirs sont représentés. Une bande dessinée est aussi basée sur des caricatures".

Mais l’éditeur reconnaît qu’elle n’a pas été suffisamment vigilante.  "Nous n’avons pas pensé que ce dessin provoquerait une telle réaction. Nous n’avons pas pris la mesure de l’impact que cela aurait. Nous ne nous attendions pas non plus à une réaction pour les seins nus".

Toujours est-il que l’album a été imprimé et distribué. On ignore ce qu’il adviendra du dessins controversé. L’éditeur se dit toutefois disposé à prendre en compte la réaction de Dalilla Hermans.


 

Dalilla Hermans ( 31 ans) est originaire du Rwanda, elle a été adoptée à l’âge de 2 ans et a été élevée dans une famille flamande. Mais lorsqu’elle était adolescente elle a retrouvé sa mère biologique. En 2014 elle a rédigé un texte pour le magazine Charlie concernant sa propre expérience face au racisme en Flandre. Elle a aussi écrit un ouvrage en néerlandais "Brief aan Cooper en de wereld" (éditions Manteau). Un ouvrage biographique qui est aussi une critique de notre société, c'est une sorte de liste de conseils à donner à son fils Cooper, un garçon de couleur, pour vivre en Europe.

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