Un droit de contrôle des GSM et laptops des demandeurs d’asile ?

Freddie Roosemont (photo), le directeur de l’Office des étrangers, se dit favorable à un droit de contrôle des GSM et des laptops des demandeurs d’asile, pour permettre d’identifier une menace potentielle pour la sécurité. Roosemont s’en est ouvert lundi devant la commission d’enquête parlementaire sur les attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles et Zaventem.
Nicolas Maeterlinck

Le Secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration, Theo Francken (photo), avait ouvert une porte à ce sujet au cours de l’été dernier, après une visite au Danemark. "Entre 60 et 70 % des demandeurs d’asile mentent sur un aspect de leur identité", avait-il justifié. Contrôler leur GSM ou ordinateur portable permettrait parfois de confirmer, ou infirmer, certains éléments comme la route qu’ils ont empruntée, avait ajouté Theo Francken.

Selon Freddie Roosemont, cette possibilité pourrait aussi s’avérer utile en matière de lutte contre le terrorisme. Certains de ses homologues étrangers en dispose déjà, a-t-il témoigné devant la commission d’enquête parlementaire.

Actuellement, la loi ne permet que la "mise à disposition", a poursuivi Roosemont. Selon lui, Theo Francken a fait usage, dans une trentaine de cas sur 66 soupçons de radicalisme, de son droit de retirer un demandeur d’un centre d’accueil pour le diriger vers un centre fermé, dans l’attente du traitement de son dossier.

Un millier d’adresses internet liées à des contenus radicaux

Depuis sa mise en place opérationnelle au début de l’an dernier, la "Belgium Internet Referral Unit" (IRU) a identifié entre 1.050 et 1.100 adresses internet liées à des contenus radicaux. C’est ce qu’a expliqué lundi, devant la commission d'enquête parlementaire sur les attentats du 22 mars, Patrick Ludinant, chef de la direction centrale de la lutte contre la criminalité grave et organisée de la police fédérale, et représentant de l'IRU.

Sur 704 adresses référencées "terrorisme", 642 ont été effacées ou bloquées sur base volontaire par des fournisseurs de services "over the top" comme Facebook, par exemple.

Au début des années 2010, il était difficile voire impossible de faire éliminer les contenus radicaux sur internet, ont rappelé les représentants de l'Organe de coordination pour l’analyse de le menace (OCAM) et de l'IRU entendus lundi par la commission. Vers 2014-2015, la pression politique sur les fournisseurs de services internet s'est accrue, notamment à la suite de la diffusion de vidéos de décapitation.

Les grands acteurs du web ont alors fait plus d'efforts, un changement positif a été constaté depuis quelques années, mais il faut aller plus loin, estime Bart Thys de l'OCAM. Les acteurs privés ont une responsabilité importante, mais le public a aussi un rôle à jouer en dénonçant les contenus problématiques, ajoute Thys.

L'activité de l'IRU, dont le nombre de collaborateurs passera de sept actuellement à 23 d'ici la fin de l'année, consiste à "patrouiller" sur internet sur base des critères du plan radicalisme et à faire des réquisitions auprès de la magistrature qui sont transmises aux fournisseurs de services, afin d'obtenir la fermeture d'un site ou l'effacement d'un contenu. Le service est à ce titre considéré comme un partenaire privilégié par Google. Les demandes sont dès lors mieux traitées, se félicite son représentant, qui espère parvenir à des collaborations similaires avec Facebook et Twitter.

Pour débusquer les contenus radicaux, l'unité peut compter sur des islamologues et a investi dans des programmes de traduction instantanée. A ce sujet, Patrick Ludinant recommande d'assouplir les règles sur les marchés publics auxquelles il est obligé de se soumettre en cas d'achat de plus de 8.500 euros. "Ce n'est pas adapté en matière de 'cyber crime'. Les règles font qu'un programme est parfois déjà obsolète lorsque nous le recevons", illustre-t-il, ajoutant que pas moins de 22 marchés publics étaient actuellement en préparation.

Ludinant aimerait également pouvoir identifier le pays d'origine d'une publication sur Facebook, par exemple, sans devoir en faire la demande, ce qui permettrait à son service de gagner du temps. Une meilleure collaboration européenne serait aussi utile pour pouvoir agir à l'étranger, mais cela passera par une initiative politique car il n'y a actuellement pas de cadre légal, souligne-t-il.

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