Le roi Philippe rentré d’une mission secrète en Jordanie

Le souverain n’a pas passé la Fête du Roi au palais, mais a rendu une visite - restée très discrète pour des raisons de sécurité - aux militaires belges qui sont stationnés en Jordanie. C’est là que se trouve la base à partir de laquelle six chasseurs-bombardiers F-16 sont engagés dans la campagne aérienne menée par une coalition internationale dirigée par les USA contre le groupe djihadiste terroriste Etat islamique en Irak et Syrie.

Cette visite intervient quelques semaines seulement après les accusations russes - récusées catégoriquement à Bruxelles - d'une bavure commise par les chasseurs-bombardiers F-16 belges dans les environs d’Alep. Des civils ont été tués lors d’un raid, mais la Défense belge maintient que les avions responsables n’étaient pas belges.

Lors de sa visite éclair en Jordanie, ce mardi, le roi Philippe était accompagné par le souverain hachémite, Abdallah II, qui a lui aussi suivi une formation de pilote de chasse.

La composante Air de l'armée a repris début juillet sa participation, en alternance avec les Pays-Bas, aux opérations de la coalition, avec un mandat élargi à la Syrie - ce qui n'était pas le cas lors d'une phase antérieure de cette mission, baptisée "Desert Falcon", entre octobre 2014 et juin 2015.
Depuis leur retour en Jordanie, sur une base dont le nom et la localisation sont tenus secrets à la demande d'Amman, les F-16 mis en œuvre par quelque 120 militaires ont effectué 336 vols en 1.670 heures de vol, larguant des bombes une fois sur douze.

L'un des pilotes rencontrés mardi en Jordanie par le roi a assuré, sous le couvert d'un strict anonymat, que les accusations russes quant à une bavure belge n'avaient eu aucun effet sur place. "Pour nous, il était tout à fait évident que nous n'avions rien à voir (avec ce raid). Nous sommes droits dans nos bottes. Entretemps, tout a été soumis au parlement", a ajouté cet officier, présentant la visite royale comme un "honneur".

La visite du souverain n'avait pas pour but de répondre aux accusations de Moscou, a indiqué l'entourage royal.

Liens étroits avec la famille royale jordanienne

"Le roi a deux activités par an liées à la Défense. Il est également commandant en chef (des forces armées, selon la Constitution). Les liens avec l'armée jordanienne et la maison royale jordanienne sont également très bons et les deux rois ont environ le même âge et sont tous deux pilotes de combat", a-t-on souligné de même source.

Le roi Abdallah II et son épouse, la reine Rania (photo), s'étaient rendus en visite officielle en Belgique en mai dernier. La reine Mathilde a effectué le mois dernier, en compagnie du ministre de la Coopération au développement Alexander De Croo, une visite de travail de deux jours en Jordanie, avec un important volet humanitaire, dans un pays qui abrite plus de 650.000 réfugiés syriens.

La visite des deux souverains aux aviateurs belges a duré trois heures environ. Les deux rois et les hauts responsables militaires qui étaient du voyage ont entendu un exposé de la situation militaire, suivi par des passages à la ligne de vol des F-16 ainsi qu'au cantonnement où logent les Belges et des militaires néerlandais chargés de la protection de la base.

Le voyage a été maintenu secret jusqu'au retour du roi Philippe à l'aéroport militaire de Melsbroek, notamment parce que la Jordanie a connu plusieurs attentats. Le dernier en date a entraîné la mort de trois militaires américains, tués dans une fusillade. "Aucun article, aucune image, rien sur Twitter, Facebook ou les autres médias sociaux depuis la Jordanie", était l'instruction donnée aux journalistes qui accompagnaient le roi.

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