La Russie transmettra les "informations détaillées" sur les F-16 en Syrie

Au cours d’une conférence de presse, la Défense russe a étayé ce jeudi les affirmations selon lesquelles des F-16 belges auraient mené des bombardements dans la région d’Alep et fait plusieurs victimes civiles. Elle annonce qu’elle transmettra ses informations détaillées à notre pays. Entretemps, le ministre de la Défense Steven Vandeput affirme toujours que les avions de combat belges n’étaient pas présents dans la région et le ministre des Affaires Etrangères Didier Reynders parle de "fausse information".

D’après le porte-parole du ministère de la Défense russe, Igor Konashenkov, des F-16 belges auraient décollé mardi matin de la base militaire de Muwaffaq Salti en Jodanie et été réalimentés à deux reprises pas des avions américains. Entre les deux, ils auraient mené une attaque en Syrie. "Les avions ont immédiatement été identifiés comme des F-16 belges", précise le ministère russe.

Les avions auraient été repérés par les systèmes de radars tant russes que syriens. Le représentant de la Défense a également indiqué que la Russie transmettra à la Belgique toutes "les informations détaillées sur les opérations des F-16 belges dans l'espace aérien de la Syrie par les canaux militaires et diplomatiques".

"Des moyens de contrôles ont enregistré à 1h34, heure de Moscou, le décollage de deux avions militaires de la coalition internationale depuis l'aéroport de Al-Salti en Jordanie", a indiqué Igor Konashenkov. Selon ce dernier, les engins belges auraient été alimentés vers 3h par un avion américain avant de poursuivre leur vol vers le nord-ouest.

"Lorsqu'ils se trouvaient dans l'espace aérien syrien, les avions belges ont été alimentés à 2h52 par un ravitailleur américain KC-135 à hauteur de Deir ez-Zor et ont ensuite poursuivi leur vol en direction du nord-ouest. A 3h05, les avions ont mené des bombardements sur le village de Hassadjek, en province d'Alep, des suites desquels six civils ont été tués et quatre blessés. A 4h19, les avions belges ont été une nouvelle fois alimentés par un ravitailleur américain KC-135 et ont ensuite effectué des patrouilles aériennes dans les environs de la ville de Azaz, au nord d'Alep."

"Ensuite, les avions sont partis vers le sud-ouest, en direction de l'Irak. A 7h25, les F-16 belges sont sortis de l'espace aérien syrien", précisait Konashenkov. Le représentant de la défense russe a également fait savoir que les autorités américaines n'ont pas informé la Russie au sujet du vol des engins belges. "Dans le cadre des échanges d'information menés dans le but d'éviter tout incident dans l'espace aérien, nos collègues américains nous informent, en règle générale, sur leurs plans de leurs opérations en Syrie. Néanmoins, aucune information n'a été communiquée au sujet des vols des avions belges."

"Vandeput trompe délibérément, ou les autorités belges sont trompées"

La Défense russe a rappelé que ces affirmations se basent sur des données de contrôle objectives. "Lorsque le ministre belge de la Défense, Steven Vandeput, réfute "catégoriquement" l'implication belge, cela veut donc dire deux choses: soit Monsieur Vandeput trompe délibérément la communauté belge et internationale, soit ses subordonnés ainsi que leurs collègues américains trompent les autorités belges."

Mercredi, le ministre Steven Vandeput (photo) avait réfuté "catégoriquement" les accusations de la Russie quant à la participation de F-16 belges à des bombardements dans la région d'Alep. Les autorités belges ont également convoqué l'ambassadeur de Russie auprès de la Belgique.

"L’ambassadeur de Russie n’a pas apporté de preuves"

L'ambassadeur de Russie en Belgique n'a pas apporté la preuve d'une implication d'un F-16 belge dans un bombardement en Syrie, dans la région d'Alep, a indiqué ce jeudi le ministre des Affaires Etrangères Didier Reynders (photo, à g.), devant la Chambre. Son collègue de la Défense, Steven Vandeput (photo, à dr.), a répété qu'aucun appareil belge n'était présent dans la région à ce moment.

L'ambassadeur a été convoqué aux Affaires étrangères pour entendre le mécontentement des autorités belges à propos des accusations portées par la Russie sur l'implication de la Belgique dans la mort d'au moins six civils dans un bombardement en Syrie. L'entretien a duré près d'une heure et a réuni l'ambassadeur de Russie, l'ambassadeur en charge des relations avec la Russie à Bruxelles et un représentant du cabinet de Didier Reynders.

Le chef de la diplomatie belge a une nouvelle fois fustigé l'attitude de la Russie. Selon lui, ces accusations poursuivent d'autres motifs, dont celui d'affaiblir la coalition formée contre Daech et à laquelle la Belgique participe. "Je vois cela aussi comme une façon de présenter sous un jour meilleur leurs propres dégâts collatéraux en Syrie", a ajouté Reynders.

L'opposition a réclamé plus de transparence de la part de la Belgique dans ses opérations en Irak et en Syrie. "Je n’ai de leçon à recevoir de personne sur la transparence. J’ai donné en commission toutes les informations que l’on m’a demandées", répliquait Steven Vandeput.

Il a cependant ajouté que pas toutes les attaques sont communiquées concrètement, "pour des raisons de sécurité. Et je ne vois pas de raison d’y apporter un changement", poursuivait le chef de la Défense, reconnaissant qu’il "est évidemment difficile de prouver que vous n’avez pas été à un certain endroit".

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