"Les Communautés doivent mieux suivre les suspects de terrorisme"

Dans une interview accordée à la VRT, le procureur fédéral Frédéric Van Leeuw (photo) demande aux Communautés de Belgique d’assurer un meilleur suivi des suspects de terrorisme, "tant à leur retour de zones de guerre, que quand ils sont en prison et quand ils en sortent". D’après cet acteur clef de la lutte belge contre le terrorisme, "c’est en effet une tâche qui revient aux Communautés, qui possèdent des compétences liées aux personnes".

Frédéric Van Leeuw est l’un des principaux magistrats du pays. Depuis avril 2014, il est procureur du parquet fédéral qui se charge de dossiers qui dépassent le niveau local. C’est ce parquet-là qui mène enquête sur les faits terroristes et qui tente aussi de les contrecarrer.

Afin de pouvoir éviter au mieux que des attentats se produisent, Van Leeuw lance un appel aux Communautés flamande, française et germanophone - ces collectivités politiques fédérées autonomes compétentes en matière d'enseignement, de culture, de politique de santé, d'aide aux personnes et, sauf à Bruxelles, de l'emploi des langues.

Il demande aux trois Communautés institutionnelles d’assurer un meilleur suivi de personnes suspectées de terrorisme, "tant quand elles rentrent de zones de guerre, que quand elles sont en prison et quand elles en sortent. Nous devons mieux les suivre et les accompagner du point de vue psychiatrique. C’est la tâche des Communautés, qui possèdent des compétences liées aux personnes. Mais en fait, c’est la tâche de tout un chacun".

"La justice ne peut pas résoudre tous les problèmes", précise Van Leeuw. "Nous avons aussi besoin d’interventions dans d’autres domaines, sociologique ou urbanistique par exemple. De cette façon, nous pouvons nous attaquer sérieusement à certains quartiers à problèmes". Frédéric Vna Leeuw espère ainsi pouvoir transformer une "solidarité négative" - dans laquelle un quartier conserve collectivement le silence et ne divulgue pas certaines informations - en "solidarité positive".

Le procureur fédéral se réjouit des nouvelles lois liées à la lutte contre le terrorisme, que le gouvernement fédéral a introduites. "Par exemple, la possibilité de faire aussi des perquisitions la nuit ou de faire des écoutes téléphoniques pour des dossiers d’armement est réellement utile. Dans le cas de Salah Abdeslam (photo), nous avons été obligés de mener une opération de jour. Depuis que la loi a changé, nous avons déjà mené plusieurs actions pendant la nuit. Cela représente moins de danger, et les suspects ne savent pas quand nous allons arriver".

Frédéric Van Leeuw espère néanmoins que le gouvernement fédéral donnera encore davantage de moyens d’aide à la justice. Il évoque l’exemple de l’Italie. "Elle possède notamment une loi en matière de témoins protégés. L’Italie a une centaine de témoins protégés, à côté d’un millier de repentis. Nous devrions aussi pouvoir disposer de ces sources d’information".

Frédéric Van Leeuw ne peut cependant garantir que la justice pourra toujours tout éviter. "Nous sommes activement à la recherche d’armes, mais souvent elles atterrissent à la dernière minute dans les mains des terroristes. Et puis l’attentat à Nice a prouvé que les gens qui ont de mauvaises intentions finissent toujours par trouver une arme".

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