La grève sur le rail paralyse la Wallonie et touche la Flandre

En Wallonie, la grève spontanée des cheminots a suspendu tout le trafic ferroviaire (photo d'archives), alors qu’en Flandre on dénombre aussi nettement moins de trains ce jeudi. Certains syndicats n’ont pas souhaité prendre part à la grogne. Ce sont avant tout les trains venant du sud du pays qui sont bloqués. Le ministre fédéral de la Mobilité, François Bellot, déplore cette grève sauvage. La réunion entre syndicats et direction ayant échoué, la grève se poursuit jusqu'à vendredi 11h30 au moins, heure à laquelle une nouvelle réunion est prévue.

La réunion entre les syndicats, HR-Rail, la SNCB et Infrabel s'est terminée jeudi vers 15h15 sans accord, malgré une discussion qualifiée de "pas mauvaise" par le président de la CGSP-Cheminots, Michel Abdissi.

La grève se poursuit dans l'attente d'une nouvelle réunion, prévue vendredi à 11h30. La CGSP-Cheminots et la CSC Transcom poursuivent leur action de grève jusqu'à au moins vendredi 11h30.

"Nous avons reçu le mandat de na pas toucher au système des crédits" de récupération, "nous ne pouvons pas accepter de changement de formule en cours de route", a indiqué Abdissi à l'issue de la réunion. "Il existe toutefois une volonté de trouver une solution", a-t-il tempéré.

La poursuite du mouvement de grève dépendra de l'issue de la réunion de vendredi.

Le mouvement de grogne, qui a débuté mercredi à 22h sur le rail, semblait bien suivi ce jeudi matin. "Deux tiers du personnel affilié à l'un des syndicats participants se croisent les bras", a affirmé le secrétaire permanent de la CGSP-Cheminots pour Bruxelles, Philippe Dubois. Selon lui, une réunion avec la direction de HR-Rail était prévue à 11h. Certains représentants syndicaux étant bloqués dans les embouteillages, elle n’a cependant pas pu commencer à l’heure.

Ce jeudi matin, la circulation était fortement perturbée sur le rail, particulièrement en Wallonie où le trafic ferroviaire est à l'arrêt. Selon la SNCB, qui parle d'une "situation duale" dans le pays, en Flandre, certaines lignes étaient exploitées normalement, tandis que d'autres étaient touchées par le mouvement wallon.

Le syndicat chrétien flamand ACV-Transcom, tout comme le pendant flamand de la CGSP, l'ACOD, n'ont pas souhaité prendre part à la grève. Mais selon Philippe Dubois, "certains membres du personnel suivent tout de même le mouvement en Flandre".

Jours de récupération en cause

Les syndicats CGSP Cheminots et CSC Transcom ont lancé un appel à la grève mercredi pour protester contre la décision de HR-Rail, la société qui emploie juridiquement le personnel des chemins de fer, d'appliquer une mesure diminuant les jours de crédit des cheminots, sorte de jour de récupération, dans le cadre de l'augmentation de la productivité demandée par le gouvernement.

"Nous voulons le retrait de la circulaire qui met cette mesure en oeuvre. Il s'agit d'une provocation, alors que la procédure que nous avons engagée devant le conseil d'Etat pour contester cette décision est toujours en cours", a commenté Philippe Dubois.

Pour les associations de voyageurs Navetteurs.be et TreinTramBus, qui condamnent fermement ce "mouvement sauvage", la grève "met une nouvelle fois devant le fait accompli des étudiants, des travailleurs ou tout simplement des usagers du train qui n'ont pas eu le temps de trouver une alternative en l'absence du dépôt d'un préavis, obligation élémentaire liée au droit de grève".

De plus, "ce mouvement vient s'ajouter à la grève annoncée pour le 31 mai qui sera une nouvelle source de problèmes pour les usagers", estiment les deux associations dans un communiqué commun. "Les syndicats se trompent de cible. Les voyageurs touchés ne sont en aucun cas responsables de conflits entre syndicats et direction", concluent-elles.

Embouteillages en Wallonie et Flandre vers Bruxelles

Des embarras de circulation ont été signalés sur les routes de Wallonie et de Flandre, surtout en direction de Bruxelles. Dus pour une bonne partie à la grève des cheminots, ces ralentissements concernent surtout la E40, la E411 et la E19. Vers 7h, on comptait 100 km de files sur le réseau routier flamand, surtout en direction de la capitale, a indiqué le Centre flamand du trafic routier. Vers 9h, il y avait presque 400 km de bouchons. Mais un accident survenu à hauteur de Meise (photo) en était aussi partiellement responsable.

"Davantage de navetteurs ont préféré prendre leur voiture pour se rendre sur leur lieu de travail. Les routes sont plus chargées que d'ordinaire, mais pas particulièrement encombrées en Flandre", affirmait le porte-parole du Vlaams Verkeerscentrum.

François Bellot appelle à la reprise

Le ministre de la Mobilité (photo) a déploré la grève nationale sauvage entamée mercredi soir par les syndicats de cheminots, en violation d'un protocole d'accord datant de 2009 et prévoyant des délais avant de déclencher une telle action. "Ici, les gens sont pris au piège", a estimé François Bellot (MR), qui affronte ainsi son premier mouvement social d'envergure depuis son entrée en fonction le 18 avril dernier, quand il a succédé à Jacqueline Galant après sa démission.

Il a appelé les syndicats à faire preuve de "bon sens" en arrêtant "de grâce" ce mouvement qui prend au piège les usagers.

Le ministre a souligné que cette grève intervenait alors que l'"encre de l'accord social » conclu récemment entre les syndicats et la direction de la SNCB « n'est pas encore sèche" et qu’elle ne concernait qu'un seul article de cet accord.

La SNCB s'attend à ce que la grève prenne de l'ampleur au courant de la journée, et qu'elle affecte nettement l'heure de pointe ce soir.

Elle conseille aux navetteurs et voyageurs de consulter son site internet, mais aussi Twitter et Facebook pour suivre la situation heure par heure.

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