Les réfugiés exhortés à porter un badge d’identification

Les demandeurs d’asile qui séjournent dans un centre d’accueil seront exhortés, mais pas contraints, à porter en permanence un badge d’identification avec leur nom, une photo et l’adresse du centre. C’est ce que stipule un protocole d’accord entre le gouvernement fédéral, la police et l’Agence pour l’accueil des demandeurs d’asile (Fedasil). Le texte indique également quand et comment la police peut intervenir dans un centre d’accueil.

Le vice-Premier ministre, ministre de l'Intérieur et de la Sécurité Jan Jambon (N-VA, photo) propose ce mardi, à l'occasion d'une journée d'étude de l'Office des étrangers, un accord-cadre et un protocole sur la sécurité dans les centres d'accueil pour demandeurs d'asile.

L'objectif est de réaliser une analyse des risques et de parfaire l'échange d'informations, a expliqué le ministre dans l’émission "De Ochtend" de la VRT. "La police locale doit faire l'analyse des risques et au niveau fédéral, on leur fournit les données sur base des screening de chaque réfugié à la source", a-t-il précisé.

Chaque réfugié inscrit dans un centre se verra remettre un "badge d'identification", avec photo, nom et adresse du centre d'asile. Les résidents ne peuvent être contraints de porter leur badge mais ils seront "exhortés" à le faire, a précisé Jan Jambon. "Il y va de leur intérêt".

Les autorités entendent régler l'accès au centre d'asile, pour les réfugiés (ils doivent porter leur badge) mais également pour les visiteurs. Ceux-ci devront également s'enregistrer, sans toutefois préciser à qui ils rendent visite, ce qui serait contraire à la loi sur la protection de la vie privée.

Cadre pour les interventions de police

Enfin, dernier élément du protocole, la police reçoit les mêmes droits que lorsqu'elle ambitionne d'"infiltrer" une maison privée. "Il s'agira des mêmes droits et restrictions", a précisé le ministre de l’Intérieur. Pas question donc de perquisition systématique sans raison.

Les textes limitent le soutien et le recours à la police fédérale aux opérations de lutte contre le trafic d'êtres humains et à la protection des centres d'asile.

Les associations de défense des droits de l'homme s'inquiètent de voir un véritable "régime pénitentiaire" imposé aux demandeurs d'asile. "Protéger les demandeurs d’asile ou les désigner à la vindicte populaire? L'analyse des risques de Jambon dérape", a notamment estimé mardi sur Twitter le directeur d'Amnesty International en Belgique, Philippe Hensmans.

"Une politique de sécurité, c'est toujours la balance entre les respect de la vie privée et la garantie de la sécurité". Il n'y a pas de statut d'exception pour les centres d'asile, "c'est du bon sens", a répliqué Jan Jambon. La nécessité de prévoir un protocole entre les centres, les autorités fédérales et la police locale avait été évoquée après les annonces du bourgmestre de Coxyde (Flandre occidentale) de mise en place d'un régime coercitif dans le centre d'asile de sa commune.

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