Le trafic ferroviaire perturbé par une grève

Une grève de 24 heures organisée par la CGSP-Chaminots a débuté jeudi soir à 22h. La circulation sur la jonction entre Bruxelles-Nord et Bruxelles-Midi a été totalement interrompue vendredi matin, ce qui engendre de fortes perturbations du rail ailleurs dans le pays.
Nicolas Maeterlinck

Plus aucun train ne circule à Bruxelles en raison de la présence de grévistes sur les voies. La police est intervenue vendredi matin afin de libérer le bloc 1 de gestion du trafic ferroviaire. Fort des injonctions obtenues par le tribunal siégeant en référé, Infrabel a en effet demandé aux services de l’ordre d'intervenir afin de déloger les grévistes pour raison de sécurité.

Le gestionnaire de l’infrastructure ferroviaire a annoncé avoir obtenu gain de cause devant le tribunal des référés afin d'imposer deux astreintes aux grévistes. "Le droit de grève est inaliénable, et Infrabel le défend comme tout un chacun, mais ce qui nous importe avant toute autre chose, c'est la sécurité sur le réseau", a insisté Arnayd Reymann, porte-parole d’Infrabel.

Les astreintes visent à interdire aux grévistes de monter sur les voies ainsi qu'à empêcher le blocage des cabines de signalisation et de Traffic Control. "Malgré cela, on a constaté quelques tentatives d'infraction vendredi matin, ce qui est malheureux", poursuit le porte-parole. La police est notamment intervenue afin de libérer le passage au Bloc 1 à Bruxelles, où des grévistes empêchaient certains travailleurs de rejoindre leur poste de travail.

La CGSP a dénoncé cette tentative de briser la grève. "Sur l'ordonnance émise par Infrabel, il est clairement notifié que nous faisons des grèves politiques", a rapporté Michel Abdissi. "C'est scandaleux. Cela démontre à quel type de gouvernement nous avons à faire et qu'ils ont envie de tuer le monde syndical". La CGSP Cheminots compte faire opposition à l'ordonnance.

Trafic national et international perturbé

Selon la SNCB, tous les trains P vers Bruxelles ont été supprimés peu avant 6H30.
L'action s'étend aux dépôts d'accompagnateurs. Une grande partie du personnel du dépôt de Bruxelles a ainsi débrayé tôt vendredi matin. La société belge des chemins de fer, qui condamne cette grève, conseille aux voyageurs de se renseigner avant de se rendre en gare.

La grève de 24 heures a aussi un impact sur le trafic international. Thalys annonce ainsi, sur son site internet, la suppression de tous les trains au départ et vers Bruxelles ce vendredi, à l'exception des Thalys 9389 Paris-Bruxelles (avec un retard de 20 minutes) et 9395 Paris-Bruxelles.

Du côté d'Eurostar, les trains seront limités à la gare de Lille Europe. "Sauf le train 9158, aucun service ne circulera jusqu'à Bruxelles Midi vendredi", prévient l'entreprise sur son site.

Les raisons de la grogne

La CGSP Cheminots a initié depuis jeudi 21h des piquets rue de France, à la gare de Bruxelles Nord et à l'atelier de Forest. Le mouvement est appelé à se prolonger vendredi, dès 05h du matin. Le syndicat socialiste, qui organise seul cette grève, entend protester contre le plan stratégique pour le rail de la ministre de la Mobilité, Jacqueline Galant, et particulièrement contre "l'hémorragie de personnel statutaire qu'il faut à tout prix arrêter".

La CGSP Cheminots déplore encore la décision du gouvernement Michel d'économiser 3 milliards d'euros d'ici 2019, avec une perte de 7.000 emplois. Le syndicat estime irresponsable qu'un plan de démantèlement soit imposé au chemin de fer alors que le réchauffement climatique et la densité du trafic routier sont des problèmes contemporains majeurs.

L'action n'est pas menée en front commun. La CSC Transcom partage les inquiétudes de la CGSP Cheminots et reste préoccupée par les mesures drastiques imposées à la compagnie par la ministre. "Nous divergeons toutefois sur la stratégie d'action", explique Marianne Lerouge, responsable générale CSC Transcom secteur rail. Le syndicat chrétien a mené jeudi une campagne d'information concernant le "Plan Galant" dans les principales gares du pays.

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