"Dès 2019, chaque élève aura un passeport numérique"

La ministre flamande de l’Enseignement, Hilde Crevits (photo), souhaite que chaque écolier ait rapidement son passeport numérique, qui puisse être consulté par toutes les écoles et les Centres pour l’encadrement des élèves. Cela représentera une simplification administrative et permettra un soutien plus efficace aux élèves qui ont des difficultés d’apprentissage. Ce passeport ne doit cependant pas entrainer des discriminations, mettent en garde certains pédagogues.

Chaque école possède des trésors d’informations sur ses élèves, mais ces derniers ne sont pas transférés lorsqu’un écolier change d’établissement. Il revient à l’élève même ou à ses parents de communiquer ces informations à la nouvelle école, ce qui entraine souvent des pertes de temps précieux, notamment dans la transmission d’informations importantes sur des difficultés d’apprentissage rencontrées par des élèves.

Des informations essentielles sur l’aide dont peut bénéficier un enfant souffrant par exemple de dyslexie, de dyscalculie ou d’autisme sont ainsi souvent perdues ou transférées trop tard, l’élève ne bénéficiant alors pas immédiatement de l’aide adéquate. Il importe aussi, estime la ministre flamande de l’Enseignement, que les enseignants soient mis au courant dès le départ des difficultés d’apprentissage d’un nouvel élève.

Le nouveau passeport numérique doit éviter aux parents et établissements scolaires du travail administratif supplémentaire. "Les formulaires doivent souvent être remplis tous les ans, ce qui entraine une frustration des élèves et enseignants. Et une perte de temps. Le passeport numérique doit y remédier", précise Hilde Crevits.

Ce passeport ne contiendra pas d’éléments que les enfants ou parents souhaitent ne pas y voir mentionnés, pour des raisons de protection de la vie privée, souligne encore la ministre. "Il est important aussi que chaque enfant ait une nouvelle chance dans une nouvelle école".

Le passeport numérique devrait être introduit au 1er janvier 2019, lorsqu’un nouveau décret entrera en vigueur.

"Veiller à ce qu’il n’y ait pas de casier judiciaire numérique"

Le pédagogue Pedro De Bryckere de l’Ecole supérieure Artevelde approuve en grande partie le projet : "Je comprends qu’on envisage ce passeport numérique, qui réduira aussi la paperasserie et la charge administrative. Le respect de la vie privée est un aspect important, mais la ministre l’a bien compris".

De Bryckere voit cependant pointer un éventuel problème pédagogique. "Nous devons veiller à ce que les enfants aient de nouvelles chances. Afin que leur passeport ne devienne pas progressivement un casier judiciaire numérique qui suive certains enfants. Ils ne recevraient pas de nouvelle opportunité parce que leur dossier les accompagne partout". Hilde Crevits approuve cet argument : "Le but n’est pas de noter chaque petit incident dans le passeport, mais bien les données qui sont nécessaires au bon apprentissage de l’élève. Les centres pour l’encadrement des élèves continueront à jouer un rôle central".

Combien de temps les données resteront-elles visibles sur le passeport numérique ? "La transmission des données de l’école primaire à l’école secondaire est importante, et doit le rester. Cela me semble évident. Mais pour le passage de l’école secondaire vers les études supérieures, de l’enseignement obligatoire vers le non-obligatoire, il y a une rupture. Transmettre les informations à ce stade me semble être une étape de trop", indique la ministre Crevits.

Du côté des directeurs d’école, on est globalement content. "Enfin, il arrive ce passeport numérique. C’est un investissement qui permettra d’épargner beaucoup de temps", estime Karin Heremans de l’Athenée à Anvers.

Les plus consultés