Plus de la moitié des plaintes pour harcèlement classées sans suite

Si l’on en croit de nouveaux chiffres des parquets du pays, plus de la moitié de toutes les plaintes pour harcèlement qui leur parviennent sont classées sans suite. En 2016, près de 18.000 plaintes ont ainsi été introduites, soit une moyenne de 48 par jour. Mais plus de 9.000 d’entre elles ont été classées sans suite.

Depuis quelques années, le nombre de plaintes introduites auprès des parquets belges pour harcèlement est en baisse. En 2012, il y avait ainsi eu encore plus de 22.000 plaintes, alors que les chiffres les plus récents - se rapportant à 2016 - attestent d’un total de 17.600 plaintes. Parmi celles-ci, plus de 9.000 ont été classées sans suite en 2016. Les auteurs n’ont donc pas été poursuivis.

"Parfois de manière justifiée, mais parfois également pour des raisons incompréhensibles", s'indigne la députée Nele Lijnen (Open VLD). "Pour 60 plaintes, on a estimé qu'il n'y avait pas assez de personnel disponible. Dans 223 cas, on a indiqué qu'il y avait d'autres priorités. Ce qui est interpellant également: dans 725 cas, on n'a pas voulu intervenir, parce que l'affaire se jouait dans la sphère relationnelle."

Anne Groenen, qui effectue des recherches à l’Ecole supérieure UC Leuven Limburg sur le harcèlement, nuance cependant. "Quelque 52% de classement sans suite n’est en fait pas beaucoup. Il y a quelques années, le pourcentage était plus élevé, autour des 70%".

Groenen estime que la police et les parquets ne sont pas trop laxistes par rapport aux plaintes. "Nous voyons que le nombre de dossiers classés sans suite a nettement diminué, ce qui veut dire que police et parquets en font une de leurs priorités. Les recherches indiquent que les victimes souhaitent avant tout que le harcèlement prenne fin, afin qu’elles puissent poursuivre leur vie. On constate aussi que quand la police interroge un harceleur, il met ensuite souvent fin à son comportement. Il n’est donc pas toujours nécessaire d’avoir une condamnation".

Nombre de cas sont également classés sans suite par manque de preuves. En 2016, cela avait été le cas pour un tiers des plaintes déposées. Mais beaucoup de victimes retirent aussi leur plainte, par exemple quand le harcèlement a cessé. Cela s’est produit près de 2.500 fois en 2016.

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