Les paris en ligne pas assez réglementés en Belgique

Le patron de la Loterie nationale ne mâche pas ses mots à l'égard de la commission des jeux de hasard dans un entretien accordé à l'hebdomadaire flamand Knack. Jannie Haek juge que l'organe ne mène pas sa tâche de régulateur à bien, qualifiant la Belgique "de Far West du pari en ligne".

Jannie Haek cite ainsi l'exemple d'un mineur qui s'est inscrit auprès de la commission sous le nom de "Kermit La Grenouille" sans que cela ne pose aucun problème. "M. La Grenouille a ensuite ouvert un compte auprès d'un site bien connu de paris en ligne avec une limite de 10 millions d'euros de mises", explique l'administrateur délégué de la Loterie nationale.

Celui-ci se soucie particulièrement de la politique d'octroi de licences. "La commission des jeux de hasard brandit le manque de décisions exécutives: il n'y a pas de critère ni de règles, donc nous ne pouvons pas faire autrement qu'approuver toutes les demandes, disent-ils.

C'est le monde à l'envers!", s'emporte M. Haek, qui estime que la Belgique est devenue "le Far West du pari en ligne".

Il ajoute que les pays voisins ont interdit le pari en ligne ou l'ont très fortement réglementé, alors que des dizaines de sites sont disponibles en Belgique. "Pour éviter que les joueurs ne parient sur des sites illégaux, est l'excuse employée", raille M. Haek.

"Quelle aberration! Evidemment que les Belges ne vont pas visiter des sites interdits. Pourquoi le feraient-ils? Tout ce qui est prohibé ailleurs est légal ici."

Réaction de la Commission des jeux de hasard

La Belgique fait office de pionnier de la politique en matière de jeux de hasard en Europe, réagit mercredi la Commission des jeux de hasard face aux critiques du patron de la Loterie Nationale Jannie Haek.

"Nous pouvons intervenir, sanctionner, nous disposons d'un système reconnu internationalement. Des investissements ont été réalisés pour améliorer l'identification des joueurs en ligne, et certaines maladies de jeunesse ont pu être guéries. Le système est au point et nous sommes actuellement dans une phase de transition pour intégrer l'ensemble des opérateurs", réagit la porte-parole de la Commission.

"Plusieurs fois par an, des délégations étrangères viennent à leur demande voir comment notre système fonctionne, ce qui montre bien la force de notre politique. La Commission intervient un peu comme la Croix-Rouge du jeu de hasard: nous faisons en sorte que les joueurs problématiques puissent bénéficier des mesures de protection, voire être tenues à l'écart. L'addiction au jeu est une problématique qui dépasse le pari en ligne régulé", poursuit-elle.

La Commission réclame depuis plusieurs années que les Arrêtés royaux qui doivent préciser les règles du jeu en ligne aboutissent, rappelle-t-elle.

Le processus parlementaire débutera prochainement et la loi sur les jeux de hasard sera votée cette année, assure de son côté le cabinet du ministre de la Justice, Koen Geens.

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