CD&V et N-VA contre l’ouverture d’un débat sur l’autofinancement des cultes

Le CD&V et la N-VA, qui font partie de la coalition au pouvoir ne sont pas convaincus par la proposition de l’Open VLD qui souhaite ouvrir le débat sur une révision de la Constitution pour que les cultes et la laïcité s'autofinancent. D’après le CD&V, on perdrait ainsi tout contrôle sur les cultes. La N-VA estime de son côté que le débat n’est pas opportun actuellement. Le SP.A, dans l’opposition se dit lui en faveur de l’ouverture d’un tel débat.

La présidente des libéraux flamands Gwendolyn Rutten a lancé un pavé dans la marre ce samedi. Dans une interview au quotidien De Standaard, elle estime que le moment est venu d’ouvrir la discussion sur le financement public des religions. "Toutes les religions doivent se financer elles-mêmes", estime-t-elle.

Pour le chef de groupe du CD&V Servais Verherstraeten, "ce n’est pas une bonne idée.  Même dans une Flandre sécularisée, on a besoin de quelque chose qui donne un sens à la vie et il faut pouvoir donner un coup de pouce aux cultes", a-t-il déclaré à la VRT. "Je préfère des églises pleines de vie, financées par l’Etat que des box de garages où l’on mène des activités qui sont contre la société".

"Si vous arrêtez de financer les cultes, alors vous risquez aussi de perdre le contrôle sur ces cultes. Et cela comporte des risques comme on l’a vu lors de la commission d’enquête parlementaire ( ndlr sur les attentats du 22 mars). Il vaut mieux avoir des religions reconnues qui soient bien contrôlées que des mosquées qui échappent aux contrôles et qui sont financées depuis l’étranger.

Le président de la N-VA, Bart De Wever n’est pas non plus très enthousiaste pour la proposition de l'Open VLD. "Le financement des religions reconnues – la catholique en premier lieu – est dans notre pays le résultat d’un compromis historique délicat dans les relations entre l’Eglise et l’Etat"  a-t-il fait savoir via son porte-parole. "Cela n’a rien à voir avec les problèmes actuels et plus graves d’ingérences étrangères d’une part et de risque de radicalisation d’autre part. J’estime que ce n’est pas le moment opportun d’ouvrir ce débat" a-t-il ajouté.

Contrairement à ses collègues des partis de la majorité, le président du SP.A John Crombez veut bien ouvrir ce débat. Nous sommes favorables à l’ouverture d’une discussion sur l’article 181 de la Constitution, mais ce ne sera pas avant les élections de 2019 » ajoute-t-il.

Cela dit, rien n’empêche le gouvernement flamand et le gouvernement fédéral de prendre des mesures afin de limiter le financement du salafisme par l’Arabie saoudite. Le SP.A avait d’ailleurs fait des propositions à ce sujet mais elles ont été rejetées.

 

"Une idée imprudente" selon les évêques

La conférence des évêques de Belgique n'est pas surprise de la proposition de l'Open VLD d'arrêter le financement public des cultes. "C'est un point de vue connu qui trouve un écho en ces temps de Pâques", a réagi le porte-parole des évêques Tommy Scholtès qui qualifie l'idée d'"imprudente".

La conférence des évêques trouve que ce n'est pas une bonne idée, pour plusieurs raisons. "Nous pensons que c'est imprudent de soustraire les cultes à un cadre social. Un cadre aide les religions, l'Etat et les régions à mieux savoir ce qui se passe au sein des cultes", estime l'Eglise catholique. L'argument a plusieurs fois été évoqué ces derniers mois dans la discussion sur la reconnaissance des mosquées.

La conférence des évêques estime aussi que la proposition de l'Open VLD nie aussi le rôle sociétal de l'Eglise "sur le plan du bien-être général, des oeuvres caritatives, de l'enseignement,...".
 

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