Une famille gantoise victime de squatteurs demande qu’ils soient protégés

Un couple de Gantois lançait vendredi un appel désespéré via Facebook parce que leur maison est occupée depuis des semaines par une dizaine de squatteurs Roms avec enfants et chien, alors que le couple se trouve au Vietnam pour raison professionnelle. Mais cet appel a déclenché tellement de réactions négatives et haineuses que le couple a posté un second message sur Facebook appelant à la tolérance et demande à la police gantoise de protéger les squatteurs contre d’éventuelles agressions.

Le couple de Gantois temporairement expatrié au Vietnam a été prévenu par une voisine qu’une dizaine de squatteurs Roms occupent sans permission leur maison achetée il y a deux mois et où ils sont domiciliés. Dans un message posté vendredi sur Facebook, Sarah Braeye exprimait son désarroi face à la situation de sa famille. "Les squatteurs ont tout simplement forcé la serrure de notre maison. Entretemps, la voisine nous a dit qu’on entend des coups de marteau et que les occupants sortent de la maison avec des planches. Nos meubles se trouvent dans la maison. Nous ne savons pas ce qui se passe".

Le couple a écrit au bourgmestre de Gand, Daniël Termont (photo), pour demander de l’aide. Mais celui-ci a répondu que "squatter n’est actuellement pas considéré comme une infraction pénale" en Belgique, "bien que diverses propositions aient déjà été déposées pour modifier la loi à ce sujet". Les squatteurs ne peuvent être mis à la porte par la police, mais uniquement via une décision judiciaire, si un règlement à l’amiable ne peut être conclu.

D’après Termont, d’autres histoires identiques ont été rapportées. "Comme celle d’un homme âgé qui a dû passer deux semaines à l’hôpital et qui, à son retour chez lui, a trouvé sa maison occupée. J’estime que les squatteurs doivent être mis à la porte manu militari. Mais en tant que bourgmestre, je n’ai pas de moyens légaux pour intervenir".

La police affirme ne pouvoir que constater l’occupation non autorisée du domicile. Il revient maintenant aux propriétaires à engager une procédure auprès d’un juge de paix pour tenter d’obtenir l’expulsion des squatteurs. "Nous devons nous en tenir aux lois et aux directives, et nous allons attendre la décision en référé", précisait Liesbeth De Pauw de la police gantoise.

Face aux réactions haineuses, le couple lance un appel

L’appel lancé vendredi sur Facebook par le couple gantois désemparé de voir son droit à la propriété violé sans pouvoir y remédier a suscité de très nombreuses réactions sur les médias sociaux. Paul De Roo et Sarah Braeye sont cependant choqués de constater que, "outre de nombreuses réactions d’inquiétude, de consternation et de solidarité avec notre situation", de nombreuses autres "réactions d’extrême-droite", des messages racistes et des propositions de bénévoles de prendre les choses en main et d’aller déloger les squatteurs ont été postées.

"Nous voulons nous distancier absolument des appels à la haine, à la discrimination, au racisme et à la violence. Aucun d’entre eux ne peut offrir une solution à notre problème. Nous demandons à la police gantoise d’apporter à la famille Rom, qui se trouve actuellement dans notre maison, une protection, si cela s’avère nécessaire".

Le couple, qui dans son message Facebook avait exprimé de la compréhension pour la situation difficile de la famille Rom, a posté ce samedi un second message sur les médias sociaux (voir ci-dessous), appelant à la tolérance et la solidarité.

La police gantoise a indiqué que depuis ce samedi matin, des patrouilles supplémentaires sont organisées dans la rue concernée. "Nous n’avons pas enregistré de menaces concrètes, mais nous avons lu les appels négatifs sur les médias sociaux", précise la police de Gand. Elle attend une décision de la justice.

Des habitants dans la rue, interviewés par la VRT, ont indiqué que les squatteurs ne causaient pas de nuisances. Ils estiment cependant qu’ils n’ont pas le droit de s’introduire dans la maison d’autrui sans autorisation et qu’il revient aux services sociaux de la ville de Gand de proposer une autre solution de logement à la famille Rom.

Le squat d’une habitation bientôt punissable ?

Les partis flamands CD&V et Open VLD ont présenté un projet de loi pour rendre le squat d’une habitation punissable par la loi. Pendant la législature précédente, pareil projet de loi avait déjà été déposé, mais le texte n’a pas été traité. Les deux partis politiques ont donc réintroduit leur proposition de loi.

"La procédure civile doit être accélérée pour pouvoir mettre des squatteurs à la porte plus rapidement", estime le député libéral Egbert Lachaert (photo). "Squatter doit aussi être punissable et une procédure pénale doit être installée".

A l’heure actuelle, les services de police ne peuvent intervenir, même si le squat engendre des situations dangereuses dans l’habitation occupée et des nuisances pour les voisins, précise Lachaert. "Mais notre proposition permettra aux bourgmestres d’intervenir".

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