Vers une réduction de la durée d'hospitalisation après un accouchement ?

Les premières évaluations des six projets-pilotes d'une réduction de l'hospitalisation après l'accouchement sont globalement positives, indique mardi le cabinet de la ministre de la Santé publique, Maggie De Block (Open VLD). Mis en place depuis six mois, ces projets, auxquels les jeunes mamans participent sur base volontaire, impliquent que le séjour hospitalier après un accouchement par voie basse ne dure plus que deux ou trois nuits et trois jours en cas de césarienne.

Ces projets-pilotes ont été lancés dans le cadre de la réforme hospitalière afin de réduire les durées des séjours à l'hôpital, la capacité des établissements n'étant pas illimitée. Six ont été retenus: deux à Bruxelles (Erasme, Cliniques universitaires de Saint-Luc), deux en Wallonie (Liège et Mons) et deux en Flandre (Louvain et Sint-Niklaas).

Plus de 1.800 femmes ont déjà pris part à l'un des projets. A Saint-Luc, 66% des femmes pour lesquelles un retour précoce était possible y ont eu recours, indique Dr Bernard, chef du service d'obstétrique. A l'hôpital universitaire de Louvain (UZ Leuven), 50 à 60% des femmes pouvaient rentrer plus tôt chez elles et 42% l'ont fait.

A Liège, l'objectif était de dépasser, au sein des trois hôpitaux participants (CHR qui coordonne, CHU et Bois de l'Abbaye), les 50% de femmes qui prennent part au projet. "Après six mois, l'objectif est déjà atteint", souligne Pierre Gillet, directeur médical du CHU. Un quart des femmes liégeoises préfère toutefois une hospitalisation plus longue.

Toutes les personnes concernées sont plutôt positives par rapport au projet. Aux cliniques de Saint-Luc, "85% des patientes se disent satisfaites ou très satisfaites de leur retour précoce", précise Dr Bernard. Pour cet hôpital, le projet-pilote a permis de diminuer la durée de l'hospitalisation d'un jour en moyenne, sans pour autant augmenter les complications.

Ces projets-pilotes impliquent une collaboration entre les prestataires de soins de la première (à domicile) et de la deuxième ligne (à l'hôpital). "Cette coopération est très constructive grâce à la consultation interdisciplinaire dans le cadre des projets pilotes", indique le cabinet de Mme De Block. La communication entre gynécologues, sages-femmes et médecins généralistes pourrait toutefois être plus efficiente, chaque médecin disposant de son propre dossier, relève l'UZ Leuven.

"Un outil de communication entre les différents métiers, entre le personnel hospitalier et les prestataires extérieurs" est nécessaire, confirme le chef du service d'obstétrique des cliniques universitaires de Saint-Luc, Dr Bernard.

"Pour l'instant, on fonctionne par papier, c'est un peu archaïque. Un outil informatique est en cours d'élaboration mais cela prend du temps car on fait face à des obstacles comme la protection du secret professionnel."

Pierre Gillet souligne pour sa part que l'intervention des médecins généralistes "ne se fait pas sans mal". Les médecins traitants "n'ont plus l'habitude de gérer les situations pré- et post-natales. Réintégrer la première ligne (implique) un réapprentissage des procédés", souligne-t-il.

Charge de travail supplémentaire

Un autre point d'amélioration soulevé par le cabinet de la ministre de la Santé est la charge de travail supplémentaire des prestataires de soins dans les hôpitaux. "Ils doivent fournir les mêmes soins, donner la même information et le même apprentissage pendant un séjour hospitalier plus court."

Les prestataires de soins externes aux hôpitaux sont également plus rapidement impliqués dans les soins aux jeunes mamans. Le cabinet de Mme De Block note un besoin de davantage de coordination et une augmentation des tâches administratives.
Avec les projets-pilotes, les mères sont également davantage informées mais beaucoup d'informations lors de courts séjours sont difficiles à comprendre et à retenir, observe le cabinet.

"Il existe naturellement encore des points à travailler. (...) C'est pour ça que nous avons lancé des projets-pilotes", réagit Maggie De Block, qui remercie les prestataires de soins pour leur engagement. "Ils se plient en quatre pour assurer des soins interdisciplinaires de qualité et avec succès: les mères sont satisfaites et moi avec."
Une évaluation finale des projets aura lieu à l'été 2018.

"S'il s'avère que la qualité des soins est au moins maintenue et que les parties concernées sont positives à l'égard de cette nouvelle organisation de soins, nous élaborerons une politique générale d'accouchement avec un séjour hospitalier raccourci à partir de fin 2018", indique le cabinet.

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