La fraude au filtre à particules des voitures diesel pas détectée au contrôle technique

Chaque année, des dizaines de milliers de voitures diesel dont le filtre à particules a été retiré en toute illégalité passent sans problème le contrôle technique. Les centres de contrôle technique ne détectent pas cette absence de filtre car les appareils de mesure sont dépassés. De plus en plus d’automobilistes qui roulent au diesel optent dès lors pour cette pratique moins chère mais illégale. Notre collègue Tom Pauwels a fait le test et est passé sans problème au contrôle technique.

Le filtre à particules ou FAP est un système de filtration utilisé pour retenir les fines particules contenues dans les gaz de combustion particulièrement des moteurs diesel. On estime qu'environ 2.500 décès prématurés en Belgique et plus de 450.000 en Europe sont causés par l'émission de ces substances (maladies cardio-vasculaires, altération des fonctions pulmonaires, cancer du poumon).

Depuis 2011, il est quasi impossible pour un véhicule de répondre aux normes strictes anti-pollution de l’Union européenne sans filtre à particules. La plupart des nouveaux modèles diesel en sont donc équipés. Mais parfois ce filtre s’encrasse ou ne fonctionne plus ce qui peut causer de graves problèmes au moteur.

Il faut alors le remplacer mais ce n’est pas bon marché, cela peut coûter jusqu’à 2.000 euros. Certains n’hésitent pas à opter pour une solution beaucoup plus radicale mais aussi totalement illégale, il font retirer tout simplement le filtre à particules.

Cela ne coûte que 450 euros. Et sur internet de nombreux garagistes proposent leurs services et ajoutent qu’ensuite le véhicule passera sans problème le contrôle technique. Des experts estiment que dans notre pays 10.000 véhicules diesel voire 100.000 circulent actuellement sans filtre à particules.

"Il suffit de frapper sur la paroi pour détecter qu'il n'y a pas de filtre"

Notre collègue Luc Pauwels a fait le test, il a pris rendez-vous dans un tel garage afin de faire retirer le filtre de son véhicule. L’opération n’est pas très compliquée, la paroi est ouverte et le filtre qui ressemble à une pierre alvéolée est retiré. Le cache est ensuite refermé.

Il suffit ensuite de modifier un logiciel du véhicule pour que l'ordinateur de bord ne signale pas un défaut.

Le contrôle technique a conclu ensuite que le véhicule était parfaitement en ordre. Ce véhicule est pourtant totalement illégal et émet environ 90% de particules fines et de suie en plus, souligne notre collègue.

Les inspecteurs du contrôle technique reconnaissent que leurs appareils de mesures accusent un retard d'au moins 10 ans.

"Il existe pourtant un système tout simple pour détecter si le filtre à particules est bien en place, il suffit de frapper sur la paroi, si elle sonne creux c'est qu'elle est vide" explique notre collègue.

Selon le règlement, les centres de contrôle technique n'ont apparemment pas le droit de procéder à un examen approfondi d'un véhicule même si cellui-ci est jugé suspect.

La situation est la même partout en Europe

Cette fraude au filtre à particule qui se fait en toute impunité n'est pas un phénomène exclusivement belge. Il sévit dans toute l'Europe, en France il est même considéré comme un sport national.

Les centres de contrôle technique sont parfaitement conscients de cette fraude et sont demandeurs d’un renforcement des contrôles. Il y a deux ans, en septembre 2015, les instances de contrôle technique de six pays européens parmi lesquels GOCA Belgique ont publié une étude approfondie sur les tests défaillants sur les filtres à particules. Il s’agit du "rapport SET" plus de 3.000 voitures ont été testées dont 1.654 véhicules au diesel.

Les centres ont reconnu que leurs mesurages étaient obsolètes et ont proposé aux instances européennes de pouvoir être plus sept fois plus sévères et de pouvoir contrôler systématiquement les ordinateurs de bord des véhicules. Mais les autorités européennes n’ont encore rien fait de ce rapport SET.
 

 

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