Nouveau dérapage de la ministre flamande de l'Environnement

L’interview accordée dimanche par la ministre Joke Schauvliege (CD&V) au journal De Zondag ne va rien faire pour la réconcilier avec les milieux écologiques. La ministre flamande de l’Environnement y affirmait que les arbres avaient toujours eu comme fonction d’être abattus. "Ce n'est pas un petit dérapage, c'est un dérapage complet" a réagi lundi matin Bert De Somviele de l’organisation Bos + dans l’émission "De ochtend" (VRT).

Dans l’interview en question la ministre réagissait aux critiques formulées par les organisations de protection de la nature contre sa politique forestière. Joke Schauvliege avait été qualifiée de "ministre du déboisement".

En réponse à ces critiques, Joke Schauvliege affirme d’abord qu’il n’existe pas de région d’Europe où les bois sont mieux protégés qu’en Flandre. Et que ceux qui veulent abattre un arbre doivent verser une compensation financière ou replanter un arbre ailleurs.

Et puis la ministre a fait la déclaration controversée, "Dans ce débat, on oublie souvent et cela peut sembler bizarre, qu’un arbre a toujours eu comme fonction d’être abattu. Un arbre ne peut pas vivre éternellement. Mais il faut le faire d’une manière responsable et veiller à ce que nos forêts restent intactes".

Cette déclaration a provoqué un flot de critiques d’abord sur les réseaux sociaux, dimanche soir, puis ce lundi matin dans les médias.

Bert De Somviele a ainsi déclaré lundi matin sur Radio 1 qu’il a dû s’assoir en entendant les propos de la ministre.

Il est surtout choqué parce que tous ceux qui se posent des questions sur sa politique sont dénigrés ou qualifié de fantasques.

Les organisations de défense de la nature se sentent confortées dans leur conviction par l’avis rendu, le mois dernier, par la Cour des Comptes sur la politique de la ministre. La Cour des comptes a examiné si l’Agence pour la nature et les forêts (Agentschap voor Natuur en Bos) exerce sa mission d’avis en matière de déboisement de manière efficiente et assure correctement le suivi de l’obligation de compensation. Elle a également analysé si les moyens du Fonds pour le boisement compensateur sont utilisés efficacement.

La Cour relève que la compensation financière -c’est-à-dire le paiement d’une somme d’argent en échange du déboisement- est nettement plus fréquente que la compensation en nature.

Elle recommande notamment à la ministre d’examiner s’il est nécessaire d’adopter des mesures supplémentaires ou plus poussées pour garantir une véritable compensation des déboisements.

La Cour des Comptes estime aussi que l’Agence doit harmoniser ou intégrer autant que possible ses bases de données de manière à avoir une meilleure vue sur l’acquisition de terrains et leur boisement.

"Les conclusions de cette étude sur la poitique de la ministre sont dévastatrices, le gouvernement flamand néglige ses obligations légales" estime Bert De Somviele.

Et d'ajouter : "Les citoyens ont versé des millions afin de compenser le déboisement mais lorsqu’on constate que seuls 20% ont été effectivement réalisés on peut tout de même parler de mauvaise gestion".
 

LUC JANSSENS

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