Les adolescents belges prennent trop souvent des antidépresseurs

L’an dernier, pas moins de 17.600 jeunes âgés de 11 à 20 ans ont pris des antidépresseurs. C’est avant tout parmi les enfants de 11 à 15 ans que l’augmentation de la consommation est importante - soit 8,4% en plus en 2016 par rapport à 2012. En cause, notamment, la pression des études, des medias sociaux, de situations familiales compliquées, indiquent les pédopsychiatres. Ceux-ci soulignent que la prise de médicaments devrait toujours être accompagnée d’un soutien psychologique. Or ce n’est le cas que pour 25% des jeunes.

"Les chiffres sont réellement inquiétants", estime la pédopsychiatre Lieve Swinnen. "Les enfants et adolescents sont de plus en plus mis sous pression. Conséquence : un nombre croissant d’entre eux ont des problèmes psychologiques".

D’après la spécialiste, les jeunes éprouvent de la pression et du stress "à l’école, parce que les attentes à leur encontre, pour qu’ils obtiennent un diplôme, sont très élevées. Mais il y a aussi la pression de faire partie du groupe. Cela s’exprime avant tout sur les médias sociaux, où il faut avoir beaucoup de 'likes' et être assez bon. Des situations familiales qui changent - comme un divorce des parents et des familles qui se recomposent - peuvent aussi être difficiles à gérer pour les jeunes".

Copyright Marie Van den Meersschaut / Reporters

"Ne pas prendre trop vite des médicaments"

Les enfants et adolescents ont besoin que l’on s’occupe d’eux et parfois de soins. Mais recourir trop rapidement aux antidépresseurs n’est pas conseillé, estiment les pédopsychiatres. "Nous devons être alertes quant au bien-être des enfants et des jeunes, mais nous ne pouvons médicaliser leurs problèmes trop rapidement", indique Lieve Swinnen. Il faut aussi prévoir nettement plus de soutien psychologique et d’accompagnement.

Mais seul un enfant sur quatre qui prend des antidépresseurs bénéficie aussi d’une thérapie. "Ce n’est pas bon. Le premier traitement pour les enfants qui souffrent de dépression est la thérapie. Il faut parler à ces enfants, travailler avec eux et leur entourage. Ce n’est que dans un second stade qu’il faut envisager les antidépresseurs", conseille Swinnen.

Depuis longtemps déjà, les spécialistes plaident pour une meilleure accessibilité des thérapies via un remboursement de ce type de traitement. "C’est vraiment urgent. Nous investissons énormément pour corriger la dentition de nos enfants. Il faut aussi rembourser les traitements lorsqu’un jeune a des problèmes psychologiques", souligne la pédopsychiatre.

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