"Les centrales nucléaires pas assez protégées contre une attaque"

Selon un rapport d’experts indépendants mandatés par Greenpeace France, et présenté ce mardi, les bassins de refroidissement des centrales nucléaires en Belgique et en France se sont pas suffisamment protégées contre une attaque extérieure. La division belge de l’organisation environnementale remettra le document complet, confidentiel, à l’Agencez fédérale de contrôle nucléaire (AFCN), au Centre de crise et au ministre de l’Intérieur Jan Jambon, compétent en matière de sécurité nucléaire.

A la suite des récents attentats en France et Belgique, Greenpeace a demandé à sept experts internationaux (France, Allemagne, Royaume-Uni et États-Unis) - spécialistes en sûreté nucléaire, sécurité, radioprotection et économie - de vérifier si les centrales nucléaires des deux pays pouvaient résister à des agressions extérieures telles qu'une chute d'avion ou une attaque à l'arme lourde. D'après leur conclusion "unanime", les bassins de stockage des barres de combustible usagé, situés à l'extérieur des bâtiments blindés du réacteur, sont extrêmement vulnérables.

Ils présentent en outre une radioactivité beaucoup plus concentrée que les réacteurs eux-mêmes. S'ils étaient endommagés lors d'une attaque entraînant la vidange de l'eau de refroidissement, les barres de combustible seraient mises à nu, entraînant une hausse de la température et des rayonnements, prévient l'organisation environnementale, qui redoute une catastrophe nucléaire avec un impact radiologique important.

"Il est incompréhensible que l'AFCN n'ait pas imposé de mesures de protection additionnelles lorsqu'elle a autorisé la prolongation pour dix ans des réacteurs les plus anciens et les moins protégés, Doel 1, Doel 2 et Tihange 1", analyse Eloi Glorieux. Cet expert nucléaire chez Greenpeace Belgique rappelle la proximité de grandes villes comme Anvers, Liège et Namur avec ces centrales.

La situation est encore plus problématique en France, d'après Greenpeace, car le parc nucléaire, le deuxième plus important du monde en puissance, y compte actuellement 58 réacteurs en activité et 63 piscines de combustible usé. Parmi les centrales françaises concernées figure Gravelines, qui représente une menace potentiellement grave, avec six bassins de refroidissement situés à 30 kilomètres seulement de la côte belge, pointe la division belge de l'organisation environnementale.

"EDF et Engie Electrabel, qui exploitent les centrales en France et en Belgique, ont la responsabilité de renforcer la sécurité de ces installations vulnérables", estime Eloi Glorieux. Dans les deux pays, de tels scénarios doivent faire partie intégrante du débat social et politique sur la pertinence de l'énergie nucléaire, dit-il encore. Dans une réaction, Engie Electrabel fait savoir que les centrales nucléaires belges ainsi que les bâtiments où se trouve le combustible usé satisfont à toutes les règlementations nationales et internationales en vigueur.

Des analyses approfondies ont été réalisées pour toutes les centrales belges dans le cadre des tests de résistance demandés par l'Europe à la suite de la catastrophe de Fukushima, sous la surveillance de l'AFCN. L'impact d'un crash d'avion ou d'autres projectiles a alors été étudiée de façon approfondie et toutes les mesures ont été prises afin de garantir la sécurité en toutes circonstances, insiste l'entreprise.

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