La pyrale du buis envahit aussi les jardins en Flandre

A l’initiative de l’organisation flamande de protection de l’environnement Natuurpunt, la population était invitée de week-end dernier à compter les papillons. Ce recensement a permis de constater une progression très rapide de la pyrale du buis dans les jardins. Plus de la moitié des propriétaires de buis en Flandre sont ou ont déjà été victimes des dégâts causés par sa chenille verte à tête noire (photo). Natuurpunt conseille de combattre la pyrale avec des produits qui ne sont pas nocifs pour l’environnement, ou remplacer le buis par des plantes plus intéressantes pour les papillons et abeilles.
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Introduite accidentellement en Belgique via des végétaux importés d’Asie, la pyrale du buis envahit littéralement notre pays cet été. Les régions de Bruxelles et des Brabants flamand et wallon sont particulièrement touchées, de nombreux jardins y étant ravagés par sa chenille verte à tête noire pas plus longue que 4 centimètres.

Elle s’attaque uniquement au buis, mais les buissons ou haies de buis sur lesquels elle jette son dévolu - par dizaines de chenilles - sont mangés en l’espace de quelques jours. Ils deviennent bruns, puis "vides", c’est-à-dire presque totalement dépourvus de feuilles. Il ne reste alors plus qu’à les couper.

Le week-end de recensement de papillons en Flandre, proposé la semaine dernière par l’organisation Natuurpunt, a permis de constater la présence massive de pyrales du buis (photo) et leur impact sur la végétation des jardins de Flandre. Un impact qui varie cependant selon les provinces.

Ainsi, à Anvers, 69% des propriétaires de buis ont vu leurs plantes souffrir de la pyrale. En Brabant flamand, 60% des propriétaires ont recensé des dégâts, en Flandre orientale 57% et dans le Limbourg 51%. La Flandre occidentale reste en grande partie épargnée, avec seulement 12% de propriétaires de buis affectés.

C’est avant tout en province anversoise et en Brabant flamand que l’on retrouve le plus grand nombre de gros dégâts au buis, les feuilles vertes ayant pratiquement disparu des plantes.

Lorsque les dégâts sont limités, un tiers des propriétaires de buis interrogés ne font rien. Quelque 24% optent pour un produit chimique pour combattre les chenilles, 22% préfèrent une méthode plus écologique, 13% enlèvent les chenilles à la main, et 10% se débarrassent d’emblée de la plante attaquée. Lorsque les dégâts sont déjà importants, 40% des propriétaires rasent totalement le buisson ou la haie de buis mangés, alors que 18% ne font rien, 16% recourent à un produit chimique et 15% à un remède biologique. Ils ne sont alors plus que 9% à enlever patiemment les chenilles à la main.

Opter pour d’autres plantes plus intéressantes

Natuurpunt déconseille les produits chimiques pour tuer les chenilles parce qu’ils s’attaquent aussi à d’autres organismes. L’organisation suggère d’enlever les chenilles vertes à la main, d’utiliser des moyens biologiques pour les combattre, ou des pièges à phéromones qui attirent les chenilles mâles. Mais ces moyens ne seraient encore disponibles que pour les jardiniers professionnels.

Natuurpunt estime aussi que le buis n’apporte pas grand-chose à la nature dans un jardin. L’organisation flamande suggère donc de remplacer les buissons ou haies de buis par d’autres plantes qui profitent davantage aux papillons et aux abeilles. Comme la lavande ou la marjolaine, des buissons mixtes avec du troène, de l’aubépine ou de la bourdaine, qui sont plus intéressants du point de vue écologique.

Dans les pages du quotidien Het Belang van Limburg, Karel Goossens, président de l’association du buis de Belgique, regrette le fait que l’insecticide biologique Xentari, à base de spores, ne puisse être vendu en Belgique qu’aux professionnels et pas aux particuliers. Dans plusieurs pays voisins, le produit est en effet en vente libre. D’après Goossens, l’invasion de pyrales du buis serait plus ou moins sous contrôle en France notamment grâce à l’utilisation de cet insecticide biologique. Il demande donc la levée de la restriction.

Au ministère de la Santé publique, on motive cette interdiction de vente aux particuliers par le fait que le produit doit être conservé au frais, dans un frigo qui ne peut pas contenir de nourriture. Le contact avec le produit pourrait en outre provoquer des allergies.

J.B. RAPKINS/SCIENCE PHOTO LIBRARY

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