Un millier de manifestants dans le quartier européen

A l’appel de l’alliance D19-20 - qui proteste contre l’austérité et les traités de libre-échange et se mobilise pour une souveraineté alimentaire et démocratique -, un millier de personnes (dont beaucoup d’agriculteurs) se sont rassemblées ce vendredi matin à la Place Schuman, où avait lieu le sommet européen. Ce dernier - mené pour la première fois sous la présidence du Polonais Donald Tusk - devait normalement se poursuivre ce vendredi, mais s’est terminé jeudi soir déjà, après les délibérations. La manifestation contre le Traité de libre-échange transatlantique (TTIP) a cependant été maintenue.

Le nouveau président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk (photo), a imprimé un style différent de son prédécesseur le Belge Herman Van Rompuy en emballant en un jour son premier sommet. Alors que les sommets européens sont habituellement étalés sur deux jours, Tusk a conduit prestement les délibérations pour les clore vers 23h jeudi.

Autre différence notable: le Conseil européen a produit des conclusions écrites très ramassées, alors que ces textes pouvaient jusqu'ici s'étendre sur de longues pages. Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union ont donc pu quitter Bruxelles dès jeudi soir. Ce vendredi matin, la manifestation contre le Traité de libre-échange transatlantique était cependant maintenue autour du siège du Conseil.

D’après la police, plus d’un millier de personnes ont participé à cette manifestation à la Place Schuman, à l’appel de l’alliance D19-20, qui rassemble plus d’une centaine d’organisations protestant contre l’austérité et les traités de libre-échange. Aucun incident n'a été signalé.

Des manifestants étaient venus de France, d'Allemagne et des Pays-Bas. Les syndicats CNE et CGSP étaient représentés, ainsi que des associations comme Greenpeace, la Fédération Unie de Groupements d'Eleveurs et d'Agriculteurs (Fugea), la Flemish Milk Board qui regroupe des éleveurs de vaches laitières, le groupement laitier wallon MIG ou encore le parti Ecolo. Les jeunes se sont fortement mobilisés. Une trentaine de tracteurs y étaient également présents.

Les agriculteurs ont tiré des coups de canon à air comprimé (utilisés normalement pour faire fuir les oiseaux dans les champs) et fait brûler des bottes de foin. En fond, une fanfare a joué la Brabançonne. Une manifestation a pris le départ à 10h pour tourner autour des bâtiments où avait lieu jeudi le sommet européen.

"Les conclusions du conseil européen disent qu'il faut accentuer l'austérité et terminer les négociations du Traité de libre-échange transatlantique en 2015", dénonçait Sébastien, un des organisateurs. "Le cadre européen fixe le cap de l'austérité et les gouvernements nationaux, comme le nôtre, l'applique à la lettre. C'est une austérité pour les plus pauvres, pour ceux qui vivent de leur salaire, non pour les multinationales ou les actionnaires. On voit le résultat de cette politique en Grèce, en Espagne ou en Italie. Ce sont des politiques qui ne fonctionnent pas et qui ne font qu'accentuer les inégalités".

Jeudi, le président de la Fugea Philippe Duvivier déclarait déjà : "Le traité transatlantique avec les Etats-Unis est une catastrophe pour le secteur agricole. Nous regrettons tout d'abord qu'il ait été négocié en secret. Par ailleurs, avec les agriculteurs américains, nous ne jouons pas dans la même catégorie. Soit nous serons écrasés par leurs produits, soit nous allons assister à un nivellement des normes par le bas, en termes de sécurité alimentaire, environnement, OGM...".

Duvivier évoquait les craintes quant aux poulets traités au chlore ou encore à la viande hormonée, des produits courants aux Etats-Unis pour lesquels le traité transatlantique ouvrirait les portes du marché européen. "On nous fait miroiter la création d'emplois, mais j'en doute. On sent derrière ces mesures la force incroyable du lobbying des multinationales. Pour moi, c'est un traité 'commercial'", conclut le président de la Fédération Unie de Groupements d'Eleveurs et d'Agriculteurs.

Les plus consultés