Que pensent les eurodéputés belges du plan Juncker pour l'avenir de l'Europe ?

"Ce n'est pas à la Commission européenne de dicter quel sera l'avenir de l'Union européenne, mais aux citoyens", a indiqué mercredi après-midi le président de la Commission Jean-Claude Juncker au Parlement européen lors de la présentation du Livre blanc sur l'avenir de l'Europe à 27, la réaction des eurodéputés belges est mitigée.

Jean-Claude Juncker a présenté aux eurodéputés les cinq scénarios dégagés par la Commission pour la période allant jusqu'à 2025, et leurs conséquences sur les différents domaines de politiques européennes. Le spectre va d'une Union a minima centrée uniquement sur le marché intérieur à une Europe à 27 où "on ferait beaucoup plus ensemble".

Le président de la Commission européenne n'a pas clairement indiqué quel scénario aurait sa préférence, ou celle de la Commission européenne. "Je n'ai pas voulu présenter les vues définitives de la Commission, je ne procède pas par 'executive orders', comme c'est devenu la mode", a-t-il commenté dans l'hémicycle bruxellois du Parlement européen, en faisant référence aux premières décisions du président américain Donald Trump.

"La parole sera aux citoyens", a-t-il promis. "La conversation vertueuse ne doit pas avoir lieu qu'à Rome (où le 60e anniversaire du Traité de Rome sera célébré fin mars) ou lors de nombreux sommets, elle doit avoir lieu partout en Europe. Nous tiendrons une série de débats sur l'avenir de l'Europe. Chaque voix, même minuscule, même inaudible, doit être entendue."

Les réactions des eurodéputés étaient mitigées après la présentation du président européen. Le président des libéraux européens, le Belge Guy Verhofstadt, a salué le fait que Jean-Claude Juncker semble préférer les scénarios "quatre ou cinq: faire les choses plus efficacement et faire plus ensemble".

"Nous avons désespérément besoin d'une solution européenne à la crise migratoire, nous devons étendre notre marché intérieur aux secteurs numérique et énergétique, et nous devons construire des capacités européennes pour stabiliser notre voisinage et garder l'Europe en sécurité", a-t-il commenté, appelant à cesser "l'Europe à la carte".

"Nous ne pouvons tolérer la moindre discrimination autorisant un morcellement de l'Union en divers clubs. L'UE ne peut réussir qu'en restant soudée. Son éclatement entre un noyau dur et une périphérie n'est pas une solution", a mis en garde le coprésident des Verts Philippe Lamberts. "Ce qui sera déterminant pour l'avenir, c'est la capacité de nos institutions et des dirigeants des États à changer. Aussi longtemps que les politiques de l'UE ne bénéficieront qu'à une minorité de grands groupes et non aux citoyens, la défiance prévaudra. Jean-Claude Juncker a effectivement proposé plusieurs scénarii. Mais ce qu'il voudrait, c'est de pouvoir continuer comme si de rien n'était."

L'eurodéputée socialiste Kathleen Van Brempt a qualifié de "déception" le Livre blanc de la Commission. "Nulle part il n'offre de solutions pour les grands défis auxquels l'Europe est confrontée, à savoir le dumping social, les inégalités croissantes, les populismes et nationalismes qui montent en flèche, tant à nos frontières extérieures, chez nos anciens alliés, qu'en interne; les flux importants de migrants et la lutte contre le réchauffement climatique", a-t-elle constaté.

"Pour s'attaquer à ces problèmes, il n'y a pas d'autre alternative que la construction d'une Europe plus forte, plus inclusive et plus durable."

"La Commission donne un aperçu honnête de différents scénarios. Plus d'Europe, moins d'Europe ou une autre Europe: il n'y a pas de tabou. C'est une bonne affaire", a réagi l'eurodéputé CD&V Tom Vandekendelaere. "Le but doit être: protection et bien-être pour nos citoyens. Et cela ne peut se faire qu'avec une Union plus parfaite et fonctionnant mieux, avec une zone euro renforcée et un vrai marché intérieur de l'énergie, du secteur numérique et autres. Ce que les gens veulent vraiment, maintenant, de l'Europe est une perspective d'avenir claire, portée par des hommes politiques courageux."

"A ma connaissance, c'est la première fois que la Commission met sur la table un scénario avec moins d'Europe. C'est une bonne chose qu'elle prenne conscience qu'il existe des alternatives à toujours plus d'Europe", a pour sa part commenté le député N-VA Sander Loones.

A la fin du débat avec les députés, le président de la Commission européenne a repris la parole. "On me critique quand nous faisons des propositions sans consulter, on me critique quand nous proposons des scénarios à débattre... mais merde! Que voulez-vous que nous fassions", a-t-il conclu.

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