CETA : L'Europe entre espoir et préoccupation

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, "ne désespère pas de trouver une solution d'ici quelques jours" avec la Wallonie sur le traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada (CETA), a-t-il indiqué vendredi à l'issue du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE. De son côté, le président du Conseil européen, Donald Tusk, s'est dit "préoccupé" par le refus wallon.

Irréductible, la Wallonie, région francophone de Belgique, résistait toujours vendredi au Ceta, traité de libre-échange avec le Canada, malgré les pressions de l'Union européenne, qui espère toutefois une prochaine solution pour une signature programmée jeudi.

Qualifiant d'"insuffisant" le fruit des dernières négociations avec l'UE et le Canada, le chef du gouvernement de Wallonie, Paul Magnette, a persisté dans son refus devant le Parlement régional à Namur.

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a néanmoins joué l'optimisme à l'issue d'un sommet européen de deux jours à Bruxelles. "Je ne désespère pas que nous trouvions une solution dans les prochains jours avec nos amis wallons", a affirmé le Luxembourgeois. "Quand je dis que j'espère trouver un accord dans les deux-trois prochains jours, cela inclut aujourd'hui", a-t-il précisé. "Je ne pense pas que quelqu'un ait dit que le Conseil d'aujourd'hui serait la date butoir" pour avoir une réponse du gouvernement wallon, a également déclaré M. Juncker.

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, s'est quant à lui dit "préoccupé" par le refus wallon. "Nous avons besoin d'un accord avec notre partenaire et ami le Canada. C'est important aussi pour la réputation européenne", a-t-il commenté.

Selon M. Tusk, l'opposition de la Wallonie au CETA est plus liée à des questions politiques internes qu'aux affaires internationales. Le président du Conseil a également souligné que les citoyens européens manifestaient de plus en plus leurs préoccupations concernant les accords commerciaux.

"Je crains que nous ne puissions pas négocier à l'avenir les futurs accords de libre-échange si nous ne montrons pas que nous sommes sérieux quand il s'agit de protéger les consommateurs européens, les travailleurs et les entreprises", a-t-il averti.

Hollande espère un dénouement prochain

Le président français François Hollande a affirmé vendredi espérer "un dénouement" prochain de la discussion avec la Région wallonne sur le CETA. Il a indiqué qu'il ferait en sorte que le ministre-président wallon Paul Magnette obtienne toutes les clarifications qui lui permettront de prendre une position devant son parlement.

Paul Magnette demande notamment "des clarifications sur la question de l'arbitrage et il se pourrait qu'il y ait une déclaration qui donne une interprétation de ce qu'il faut entendre par juridiction d'arbitrage", a commenté M. Hollande. "Il est possible de trouver un compromis qui serait acceptable par tous et le Canada fait aussi tous les efforts nécessaires pour clarifier les ambigüités qui pourraient demeurer", a-t-il ajouté.

D'après M. Hollande, le CETA constitue "une illustration de l'équilibre" entre ce que l'Europe doit rechercher comme ouverture et ce qu'elle "doit affirmer comme principes".

"Un sentiment d’urgence"

La question du temps laissé à la Wallonie, à la Commission européenne et au Canada pour parvenir à un accord qui permettrait au gouvernement régional d'accepter le traité de libre-échange avec le Canada (CETA) est centrale, a affirmé le Premier ministre Charles Michel alors que le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des 28 Etats membres s'est terminé sans feu vert wallon.

Interrogé sur le calendrier idéal pour boucler un accord, alors qu'un sommet UE-Canada était prévu le jeudi 27 octobre pour signer le CETA, le Premier ministre a reconnu que "l'échéance sera une question centrale". "Il y a un certain sentiment d'urgence, car c'est une question de réputation de l'Union européenne", a-t-il constaté. "Nous avons tout à gagner à sortir rapidement de cette situation et à montrer que l'Europe fonctionne." Charles Michel a démenti que la Commission européenne ait fixé une sorte d'ultimatum à la Wallonie en exigeant un accord pour ce vendredi.

Le Premier ministre a comparé les tensions actuelles autour du traité avec le Canada aux vives discussions qui avaient animé les réunions européennes au premier semestre 2015 à propos de la situation grecque. "Nous sommes confrontés à une démocratie qui s'opposent à d'autres démocraties, qui ont des opinions différentes", a-t-il résumé.

Sur l’heure de midi, le ministre-président wallon Paul Magnette a fait part de nouvelles avancées dans les négociations.

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