Prolongation des F16 : "Il n'y aura pas de décision sans que toute la clareté soit faite"

"Sur la base des informations d'aujourd'hui, il n'y aura pas de décision sans que l'entière clarté soit faite sur le processus de décision et les différentes options possibles", a indiqué jeudi à la Chambre le premier ministre Charles Michel (MR) au sujet de la retenue présumée d'informations de la part de militaires gradés permettant la prolongation, au moins partielle, des avions de chasse F-16.

Trois des quatre partenaires de la majorité se sont encore prononcés jeudi au parlement en faveur du remplacement des F-16, le CD&V demandant lui que les éléments mis au jour relativement à la prolongation des F-16 soient intégrés à la décision finale.

L'opposition a égratigné le ministre de la Défense Steven Vandeput (N-VA) qui a affirmé ne pas être au courant de l'existence des notes de Lockheed Martin relatives à la possibilité de prolonger la durée de vie des F-16, notes qui se trouvaient entre les mains de responsables de la force aérienne.

Le chef de groupe PS Ahmed Laaouej a invité le premier ministre à "décharger le pseudo ministre de la Défense" et appelé à suspendre la procédure de sélection des avions.

"Un ministre qui ne sait pas ce qu'il se passe dans son département ne peut le nettoyer. Il faut faire le nécessaire car cela ne va pas dans une démocratie", a indiqué Kristof Calvo (Ecolo-Groen) à l'adresse du premier ministre.

Selon Georges Dallemagne (CDH), "c'est l'ensemble de la responsabilité politique gouvernementale qui est engagée, pas seulement celle du ministre de la Défense, aussi celle du premier ministre, du budget, du kern".

Raoul Hedebouw (PTB) a accusé le premier ministre et le ministre de la Défense de "rouler pour Lockheed Martin et le complexe militaro-industriel des Etats-Unis".

Dirk Van der Maelen (SP.A) a prié la majorité de "cesser d'abdiquer", le parlement méritant un débat public sur les enjeux en cours.

Muriel Gerkens (Ecolo) a dit constater que dans deux grands dossiers, le scandale Veviba et la modernisation de la flotte aérienne, le gouvernement avait été dupé par des institutions censées être au service de l'intérêt général.

La présidente de la commission de la Défense Karolien Grosemans (N-VA) a appelé à plus de "sérénité", estimant qu'on ne pouvait pas condamner sur la base de courriels anonymes.

Heureusement qu'il y a des lanceurs d'alerte, a répliqué Hendrik Vuye, selon qui Steven Vandeput est aujourd'hui un "ministre sans portefeuille". L'élément sur la prolongation des F-16 "est un élément essentiel et j'espère qu'il sera intégré à la décision finale", a indiqué Veli Yüksel (CD&V).

Deux audits internes et externes

La crise intervient alors que la procédure de sélection est censée arriver dans une phase décisive d'ici l'été, et que deux candidats restent en lice pour le remplacement des F-16, le F-35 de l'Américain Lockheed Martin, et le Typhoon de l'Européen Eurofighter, le Rafale du constructeur français Dassault, restant intéressé par ce marché, bien que ne s'étant pas inscrit dans la procédure.

Jeudi, le premier ministre a retracé l'historique du dossier dans le contexte de l'accord de gouvernement, de la loi d'investissement et de la Vision stratégique. Il a rappelé l'orientation prise dans ce cadre par le gouvernement en mars 2017 de passer un appel d'offres pour l'achat de nouveaux avions de chasse, cela après avoir analysé différentes options, dont celle, fin 2015, de la prolongation des F-16. Indépendamment des faits mis au jour par la presse - une étude de Lockheed Martin permettant la prolongation des F-16 - il a été prévu qu'une décision soit prise avant l'été sur les deux offres valides.

Deux audits, internes et externes, ont été commandés après les faits de rétention présumée d'information et à titre conservatoire, les militaires cités dans cette affaire ont annoncé avoir pris la décision de prendre du recul durant cette enquête dont les conclusions seront présentées à la Chambre le 18 avril.

Le premier ministre a indiqué avoir toujours plaidé en faveur d'une bonne collaboration avec le parlement. "Je sais que certains veulent toujours des solutions immédiates mais il faut pouvoir prendre de la distance pour tirer les leçons de façon objective", a indiqué Charles Michel.

Interpellé en ce sens par l'opposition, le premier ministre a souligné que la Défense se devait d'être au service de la démocratie et de la sécurité des citoyens. L'opposition a au contraire vilipendé l'absence totale de transparence dans ce dossier.

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